Quatrième de couverture
1973. Marnus a dix ans. Il vit au Cap et rêve d’être un jour aussi fort que son père, le plus jeunes général de l’armée sud-africaine. Ce dernier reçoit souvent la visite de militaires, venus soutenir le régime de l’Apartheid. Cette fois, il s’agit d’un général chilien, l’énigmatique M. Smith. L’arrivée de cet étranger menace l’équilibre de la famille. Marnus est le témoin de ces bouleversements mais ce n’est que bien plus tard qu’il comprendra la portée cruelle de ce qu’il a vu et de ce qu’il a tu, complice malgré lui. Un premier roman bouleversant. Le portrait d’une famille et d’une société dévastées.
Mon avis
Voilà un livre que j’ai dévoré. Pour plein de raisons que je vais essayé de vous donner.
Dans le livre, il y a alternance de deux périodes de la vie de Marnus : Marnus à dix ans (période majoritaire), Marnus à vingt, soldat en Angola. On sent que le Marnus soldat a perdu foi en ses idées à force de voir ce que pouvait être la guerre. Ses idées (idées qu’il a prises à son père) sont décrites dans les parties où on parle de Marnus enfant. Les idées du père sont celles qui défendent l’Apartheid. Marnus qui voue une vénération au « plus jeune général de l’armée sud-africaine » pense que tout ce qu’il dit est une vérité. En gros, cela donne « mon père a dit… », « mon père pense … » et je le crois. Ce mode d’écriture est très déstabilisant pour nous lecteur européen du 21ième siècle parce qu’on connaît les horreurs d’un tel régime et là elles nous sont racontées sans recul, sans même une critique. C’est un livre qui a été publié pour la première fois en 1993 en Afrique du Sud (j’imagine le choc dans un pays en plein changement). Marnus est bien sûr ébranlé dans ses idées quand le fils de la bonne coloured est brûlé très gravement dans le dos après avoir volé pour aider une personne de sa famille, pareil quand il voit une fillette de la même classe que lui mais pauvre et qui finalement n’a pas d’avenir (ils ont tout de même le même âge), quand sa soeur (qui a fait un voyage en Hollande) lui dit que les idées de son père ne sont pas les bonnes. Mais tout cela ne va pas nuire à l’admiration du fils pour son père (il va continuer à croire dans les idées de son père). C’est un évènement très grave de la vie familiale qui va mettre le ver dans le fruit et qui va ainsi faire vaciller tout doucement l’édifice. Les passages sur Marnus à vingt ans en pleine guerre, où il se demande si son père viendrait l’aider, sont à mon avis la fin de cet éclatement familial.
On peut aussi admirer l’idée de la pomme suivi tout au long du livre. L’odeur de la pomme rappelle à Marnus des voyages en voiture avec son père où ils ramenaient les fruits de la ferme de l’oncle. La pomme pourrie après l’évènement qui va commencer à fêler la famille.
En conclusion, c’est un livre admirable qui est à lire pour lui-même mais aussi pour faire comprendre ce que pouvait être l’Afrique du Sud et la vie des favorisés en 1973.
Livre lu dans le cadre d’un partenariat en blog-o-book (que je remercie donc) et les éditions JC Lattès, et qui rentre parfaitement dans le safari littéraire de Tiphanya.
D’autres avis
Ceux de Clara, de Saxaoul, de Tinusia …
Références
L’odeur des pommes de Mark BEHR – traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Pierre Guglielmina (JC Lattès, 2010)
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