J’ai lu L’orangeraie de Larry Tremblay avant ce livre-ci mais je voulais absolument vous en parler avant. J’ai dans ma PAL Comment tuer un homme de Carlo Gébler (et en grand format en plus) mais j’ai quand même acheté en ebook le dernier livre du fils d’Edna O’Brien (que je n’ai pas lu non plus).
Je ne sais pas comment vous faites pour classer vos livres dans votre liseuse mais dans la mienne, c’est classé par pays sauf les nouveautés qui sont dans un même dossier (genre « rentrée littéraire janvier 2015 »). Au bout d’un moment, je ne sais absolument plus de quoi parle le livre. Du coup, pour choisir j’ouvre les fichiers un par un et je lis les premières phrases. Le premier livre auquel j’accroche sera ma prochaine lecture. Je n’arrive à faire cela qu’avec les ebooks avec les livres papiers je me sens obligée de revenir à la quatrième de couverture. Et comme pour les ebooks, il y a rarement la quatrième de couverture au début et parfois il n’y a même pas la couverture… Ceci implique cela.
Tout cela pour dire que pour ce livre-ci, on est happé dès le départ. Carlo Gébler se base sur un fait divers de 1940 pour écrire son histoire. Pour citer la quatrième de couverture,
Une femme de trente-neuf ans aux mœurs légères, Moll McCarthy, fut assassinée de deux balles en pleine tête. Aussitôt l’un de ses voisins, Harry « Badger » Gleeson, fut arrêté, jugé et condamné à mort malgré des preuves approximatives.
L’auteur explique, dans une postface, que les faits ont été décrits dans leurs réalités dans un livre de Marcus Rourke Murder at Marlhill: Was Harry Gleeson Innocent ? Lui a repris ces faits mais les a transformés, arrangés, réinventés dans un but narratif. Ce n’est donc pas une reconstitution documentaire et on ne peut savoir ce qui est vrai sans avoir lu le livre de Marcus Rourke.
L’histoire de Foxy Moll nous est raconté par son petit fils. Le livre commence donc par un prologue puis se plonge dans le passé. L’histoire en elle-même débute par celle de la mère de Foxy Moll qui était elle aussi une femme légère. Après la naissance de sa fille, elle l’a placée dans un couvent puis l’a reprise quand elle en a eu besoin pour prendre soins de ses vieux jours. C’est même elle qui l’a encouragée (et même poussée) à commencer ses « activités ». Le désavantage de Foxy Moll par rapport à sa mère est qu’elle aime être le centre des attentions d’un homme. Elle n’est pas amoureuse, mais tout comme, tandis que sa mère est froide et calculatrice, dans ses affaires et celles de sa fille.
Comme elle ne sait rien faire d’autres, Foxy Moll va continuer ses « affaires » même après la mort de sa mère. Les hommes et les bébés vont s’enchaîner à un rythme assez rapide. En fait, elle fréquente le plus souvent un homme pendant plusieurs mois. Celui-ci lui offre des présents, de la nourriture. Puis, madame mets le holà ou bien il y a grossesse, là l’homme offre un très beau cadeau et s’en va à tout jamais. Foxy Moll ne se fait pas de soucis car il y en a toujours un autre pour prendre la suite. Elle fréquente tout de même un brigadier, un membre de l’IRA, les gros fermiers du coin, un noble …
Une des seules personnes à ne jamais abuser d’elle, et qui était pourtant en âge de le faire, est Badger, celui qui sera accusée plus tard de son meurtre. En effet, Foxy Moll a très peu de soutien, on peut s’en douter. Il y a ses voisins (Badger tient leur ferme) et une demoiselle de la noblesse qui lui fournira les différentes affaires nécessaires à ses grossesses par exemple.
La force du roman ne tient pas du tout en un quelconque mystère. Les évènements de la vie de Foxy Moll sont présentés sous forme de courts chapitres et donnent l’impression d’évènements inéluctables. On voit clairement ce qu’il va se produire. On doute pourtant que cela va se produire ; on ne peut pas y croire. A mon avis, cela vient du fait que l’histoire prend partie pour Foxy Moll et ne présente pas d’alternance de point de vue. Ainsi, elle nous apparaît d’emblée comme un personnage fort sympathique et généreux, un peu facilement amoureuse. Son « métier » nous apparaît comme un métier comme un autre. Après tout, elle est mère de famille.
C’est justement cette proximité avec le personnage qui m’a fait bouillir devant tant d’hypocrisie. Chacun des enfants a un père différent (je crois qu’elle en a au moins six ou sept tout de même) et pourtant ils semblent comme nés de personne. Le curé ne veut pas les baptiser car la faute retombe sur leur mère bien évidemment. Quand Foxy Moll meurt, personne n’aide car personne ne la connaissait très bien. Puis personne n’a rien vu, ni ne sait rien. Finalement, Badger et Foxy Moll sont deux innocents broyés par l’hypocrisie d’une société. J’ai trouvé que ce roman était très démonstratif pour cela mais pas du tout donneur de leçon.
En conclusion, j’ai complètement adoré ce livre. Sachez en plus qu’il présente une très galerie de personnages, très bien campés mais surtout très réalistes. Je pense que ce livre peut convenir aux personnes ayant aimé par exemple L’affaire de Road Hill House de Kate Summerscale mais aussi aux personnes n’aimant pas la narration de faits divers.
Références
L’histoire de Foxy Moll de Carlo GÉBLER – traduit de l’anglais (Irlande) par Bruno Boudard (Éditions Joëlle Losfeld, 2015)
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