Je vous avais déjà parlé des deux premiers tomes des aventures de Quirke, médecin légiste à Dublin dans les années 50 : Les Disparus de Dublin et La Double Vie de Laura Swan Cela fait un an que j’avais ce volume dans mon reader. J’ai eu un peu honte quand le quatrième sortait et qu’il y a eu le promo sur le ebook. Pourtant je n’ai pas commencé le livre. Ce qui m’a décidé, c’est que j’ai vu que Quirke était en série sur la BBC et que le DVD sortait bientôt et aussi le fait que j’ai changé d’application de lecture sur ma tablette (j’ai pris Mantano au lieu de Aldiko parce qu’on eut souligner de plusieurs couleurs : je suis futile, je suis futile, je suis futile). Donc si on résume, c’est le premier livre que j’ai lu sur ma tablette et je l’ai dévoré pendant le grand week-end.
Comme pour La Double Vie de Laura Swan, clairement, il n’y a pas d’enquête. Quirke ne fait preuve d’aucune capacité de déduction que l’on pourrait attendre d’un détective. Sa fille vient le voir car elle est inquiète suite au fait qu’elle n’a plus de nouvelles de son amie April Latimer, nièce d’un ministre et sœur d’un célèbre docteur, catholique conservateur, fille d’une veuve qui se dévoue corps et âmes aux œuvres de charité. Cela ressemble beaucoup à des liens plut écrasant ; c’est pourquoi April Latimer est devenue docteur, elle aussi, mais a décidé de vivre sa vie en s’éloignant ostensiblement de ses célèbres et parfaits parents.
Discrète à l’hôpital où elle n’a que très peu de contacts avec le reste du personnel, elle est le personnage charismatique d’une bande d’ami qui comprend : Phoebe, la fille de Quirke, que l’on a déjà rencontré aux tomes précédents et qui a (eu) une vie plus que compliquée, Jimmy Minor, petit journaleux, fouille-merde, qui est jaloux de tout car à mon avis, il se sent médiocre tant au point de vue humain que professionnel, Isabel Galloway, actrice plus âgée que le groupe, Patrick Ojukwu, qui est interne à l’hôpital mais qui a la particularité d’être noir dans cette Irlande des années 50. Bien sûr, les trois femmes sont amoureuses de lui (enfin c’est ce qu’on suppose au début du livre) et se le disputent, non pas ouvertement, mais secrètement ; c’est ce qui provoque aussi la jalousie de Jimmy Minor.
Donc, Phoebe demande de l’aide à Quirke, qui vient juste de sortir de deux mois de séjour à l’hôpital pour se désintoxiquer de l’alccol. Ses amis ne sont pas convaincus mais il va commencer son travail de « détective amateur ». En fait, cela consiste à aller voir les gens concernés par l’affaire, de secouer le cocotier (comprendre les bousculer un peu dans leurs certitudes et leurs conforts) et voir ce qu’il en tombe. Ici, il n’en tombe rien dans un premier temps car c’est une famille et des gens qui ont soit l’habitude du secret, soit l’habitude du paraître. Ils sont donc très forts pour ne pas laisser un étranger rentrer dans leurs vies. Les choses changent quand ils commencent à se sentir menacer par la curiosité de Quirke (j’insiste que ce n’est pas par ses talents de détective). La liens se fissurent jusqu’à ce qu’on ne voit plus que les failles dans le dénouement. En cela, Benjamin Black (alias John Banville) reprend les thèmes qu’il a abordé dans les deux précédents tomes : faire tomber les apparences, dire que la bassesse de l’humanité est égale quelque soit la fortune posséder.
Parce que, oui, Quirke n’est pas un optimiste de nature. Je rappelle que c’est un orphelin, « adopté » par le juge Griffin, père de Malachy Griffin, obstétricien que l’on voit de nouveau apparaître dans ce volume. Il a connu des moments difficiles à l’orphelinat, l’école technique … C’est un être peu sûr de lui, qui ne comprend pas ce qu’il fait là. Il est déplacé dans ce monde. Il est précisé plusieurs fois qu’il est de très grande stature, qu’il fait pataud, maladroit. L’auteur insiste plusieurs fois principalement quand Quirke est dans des situations où il doit montrer un certain paraître. Au contraire, quand il doit agir (pour aider sa fille, pour braver l’assassin), il est transformé, devient un homme d’action habile. Ce tome 3 est un homme de transition car il s’interroge beaucoup sur sa consommation d’alcool, le pourquoi et surtout comment la limiter (parfois cela en devient un peu lourd). Quirke est aussi un homme à femmes, ou plutôt à une relation compliquée avec les femmes : on retrouve les histoires précédentes : Délia sa femme décédée il y a longtemps, Sarah (?), la femme décédée de Malachy il y a peu, Rose la veuve joyeuse, auxquelles se rajoute Isabel Galloway (qui semble moins tourmentée et plus humaine, qui pourrait presque le guérir). Finalement, j’ai trouvé que Benjamin Black essayait de nous décrire un personnage-détective, avec son long manteau et son chapeau, cliché des années 50 (Benjamin Black écrit aussi des suites aux aventures de Philip Marlowe), mélangé avec un personnage plus humain, plus faible. C’est le premier tome où j’ai plus eu l’impression de « sentir » Quirke.
Le problème est que j’ai trouvé l’articulation avec l’histoire un peu faible. Autant, dans ce volume, l’auteur a aboutit à des personnages très travaillés, autant je n’arrive pas du tout à comprendre la ville de Dublin dans ces années-là, où en tout cas les règles qui la régissent.
On retrouve le personnage de Hackett, le détective professionnel que j’espère plus travaillé dans les prochains volumes. Je dis cela car je suis déjà en train de lire le quatrième tome (en ebook aussi) où l’enquête reprend le pas (toujours dans le même type de milieu) et où ce personnage intervient plus apparemment. Comme mon frère va en Angleterre vendredi, je lui ai aussi commandé les tomes 5 et 6 car je voudrais voir en VO ce que les livres donnent puisqu’on ne tarit pas d’éloge sur l’écriture de John Banville / Benjamin Black alors qu’en VF je ne trouve pas cela extraordinaire. Après il ne me restera plus qu’à regarder les DVD qui sortent fin juillet.
Références
La disparition de April Latimer de Benjamin BLACK – traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch (Nil Détectives, 2013)
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