J’ai trouvé ce livre à Gibert quand je trainais dans le rayon des livres en anglais (j’aime beaucoup depuis qu’ils ont mis ce rayon au deuxième étage ; c’est beaucoup moins étouffant qu’au quatrième). Ce qui m’a attiré, ce n’est pas la couverture (qui pourtant est très jolie maintenant que je la regarde) mais le fait que la tranche du livre est bleu foncé. C’est absolument superbe. Quand on ouvre le livre, la première sensation que l’on a, c’est d’avoir à faire à un très beau papier. Même la couverture est particulière au toucher ! Voilà pourquoi j’ai pris ce livre. Parce que futile un jour, futile toujours !
J’ai quand même regardé la quatrième de couverture parce que bon, je les achète tout de même les livres … J’ai vu trois éléments qui m’ont tout de suite accroché : Islande, 1829 et auteure australienne (je l’ai vu à l’intérieur du livre). J’ai trouvé fascinant qu’une auteure australienne puisse se passionner pour l’Islande. Apparemment, cette passion lui vient d’un voyage qu’elle a fait là-bas au cours d’un échange. En plus, d’écrire sur l’Islande, elle parle islandais.
Elle en a eu besoin pour faire ses recherches dans le but d’écrire ce livre car elle est partir d’une histoire vraie, l’histoire de la dernière personne condamnée à mort à avoir été exécuté en Islande. Il s’agit d’Agnes Magnúsdottir, servante à la ferme d’Illugastadir. Elle a été condamnée pour les meurtres de son patron Natan Ketilsson et Pétur Jónsson. Deux autres personnes ont été condamnées avec elle, Fridrik (un jeune voisin) et Sigga (une jeune fille de 15 ans qui sera graciée).
En 1830, l’Islande est danoise et est donc une petite province isolée. Le meurtre sauvage de deux habitants (suivi de l’incendie du bâtiment) choque volontiers tous les habitants, surtout quand cela ne se passe pas dans la capitale. La justice souhaite faire un exemple pour que cela ne se reproduise pas. Le tribunal a donc condamné les trois coupables à la mort par décapitation (si j’ai bien compris). Les condamnations doivent être confirmées par le tribunal suprême à Copenhague. Agnes croupit en prison dans le Nord alors que les autres accusés ne sont pas en prison pour pouvoir être suivi religieusement. Le roman début quand Agnes, elle-aussi, va aller dans une famille où elle pourra être visitée par le Tóti, qu’elle a choisi pour l’accompagner spirituellement dans ces derniers mois.
La famille est composée par le père Jón, Margrét la mère (qui est atteinte aux poumons car l’air n’est pas suffisamment sain pour elle), et les deux filles, Steina (l’ainée, un peu gauche mais très gentille) et Lauga, toutes deux ayant dans la vingtaine. Bien sûr, au début, personne n’ose approcher la meurtrière. Au fur et à mesure qu’Agnes sait se montrer indispensable tout en restant humble, que les besoins en main d’œuvre se font ressentir, la famille se détend. Steina reconnaît en Agnes la dame qu’il leur a fait un présent le jour de leur arrivée à la ferme. Margrét apprécie l’aide qu’Agnes lui apporte lors de la récolte. Jón admire la manière dont elle a aidé à l’accouchement de la voisine. Seule Lauga reste sur la réserve.
Ces passages sont entrecoupés par la manière dont Agnes s’est retrouvé dans cette situation. On commence par l’enfance, avec une mère qui fait des enfants illégitimes avec tous ses patrons, son abandon au bord d’une route à l’âge de 6 ans avec pour pour seul ami un caillou qu’elle doit mettre sous sa langue pour pouvoir parler aux oiseaux. On continue avec les différentes fermes qu’elle a fait, jusqu’au jour où elle fait la connaissance de Natan, homme charismatique et différent, apprenti sorcier jouant au médecin, qui va l’emmener à Illugastadir où son destin sera celé.
Typiquement, il ne se passe pas grand chose dans ce livre : le mystère étant comment Agnes a-t-elle pu tuer deux hommes alors qu’elle ne semble pas capable de cela (cela devient un peu excitant au bout de 280 pages). Il s’agit plutôt d’un roman d’atmosphère, de remémoration de souvenirs.
J’ai passé deux semaines de lectures formidables avec ce livre (les deux semaines venant du fait que j’ai tapé un peu haut pour mon niveau d’anglais). Hannah Kent arrive à nous transporter dans son Islande de 1830 (conditions de vie, organisation de la vie sociale aussi). En plus, Hannah Kent fait des descriptions des paysages islandais, des variations de conditions météo qui m’ont fait rêver, qui m’ont transportés complètement ailleurs que dans le RER. La psychologie de ses personnages est parfaitement fouillée et réaliste. Ils ne semblent pas mystérieux, incompréhensibles.
Je ne sais pas pourquoi mais je dois mieux me débrouiller dans mon choix de livres en anglais qu’en français. J’ai lu 6 livres de la rentrée littéraire et aucun ne m’a plu comme celui-là (cela m’a d’ailleurs plombé le moral). Ce qui est à noter aussi, c’est qu’il s’agit d’un premier roman.
Comme vous l’aurez compris, c’est un livre que je vous conseille vivement (en traduction si elle arrive un jour ou en langue originale).
P.S. : on nous précise dans la postface que l’on peut encore voir la tombe commune de Agnes et Fridrik, la ferme en ruine de Natan mais aussi une plaque sur le site de l’exécution des deux meurtriers.
Références
Burial Rites de Hannah KENT (Picador, 2013)
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