Le narrateur est un homme de soixante-cinq ans, professeur de littérature à la retraite, qui vit isolé dans les bois, aux Pays-Bas. Au cours d’une promenade en forêt où il compte les arbres, ils nous racontent des moments de sa vie, tous liés à la filiation et à la mort. Plus exactement, il va se concentrer sur quatre moments.
Il s’est marié jeune, pendant ses études avec Mirjam. Il n’a jamais voulu d’enfants ; elle non plus car elle voulait lui faire plaisir. Pourtant quand leur couple commence à se déliter, elle lui propose d’avoir un enfant pour arranger leurs problèmes (très mauvais plan à mon avis). Le narrateur continue à refuser. Mirjam organise un voyage à Venise avec les gains aux jeux que son père lui donne ; ce sera l’occasion de se faire faire un enfant. Mis devant le fait accompli, le narrateur ne cède pas. Il assumera sans enthousiasme ce qu’il n’a jamais souhaité. Par exemple, il ne dormira plus jamais avec sa femme, prendra une maîtresse. À la naissance, il essaiera de faire la connaissance de son enfant mais il le regardera comme un être extérieur à lui, pas comme la chair de sa chair. Les six années suivantes seront éludées. On retrouve notre famille en situation critique. Le narrateur n’a jamais cessé de coucher avec d’autres femmes. Sa femme en a marre et lui somme de partir. Il part donc (je n’ai pas compris mais après sa femme lui en voudra beaucoup pour cela alors que c’est elle qui a demandé), cherche à se réfugier chez sa maîtresse qui refuse. Il ne verra plus que deux fois son fils, Nathan.
Dix ans plus tard. Le narrateur est en poste à New York. Il observe un musicien des rues, accompagné d’une très belle jeune femme (qui fait toute l’admiration du narrateur). Il s’avère que ce musicien des rues est son fils, qu’il ne reconnaît même pas. Les retrouvailles ne sont pas enthousiasmantes ; elles ne diront qu’une nuit. Par contre, il prend conscience des talents hors normes pour la musique de son fils.
Re-dix ans plus tard. Des retrouvailles lors d’un congrès. Le père drague ouvertement une collègue. Il est observé de manière éhontée par un homme. Au lieu de s’intéresser à cet homme, il ne suit que son désir pour la femme. L’homme est son fils, qu’il n’a encore une fois pas reconnu. Cette rencontre ratée sera suivie d’une entrevue, qui marquera une rupture définitive.
Nathan deviendra auteur de comédie musicale et suivra la voie de son père : il aura énormément de femmes dans sa vie. Il ne suivra que son plaisir pour vivre, et pas seulement survivre. C’est ce qu’il le perdra puisqu’au cours d’un voyage, il attrapera une grave maladie. C’est cette maladie qui le fera appeler son père à son chevet.
Tout le livre porte donc sur une relation père-fils manqué, vu par les yeux du père. Ce qui est très intéressant, c’est que le récit est très ramassé autour de cette thématique (il n’y a pas de hors sujet, les jours entre n’existent pas). Surtout, le narrateur ne change pas les sentiments qu’il a ressenti aux différentes époques. D’autres auteurs auraient mis des bons sentiments rétrospectivement les faits ; Jeroen Brouwers ne le fait pas du tout.
Le défaut est que cela donne un livre un peu froid car le narrateur ne s’attache pas à comprendre ses sentiments (bons ou mauvais). Il n’explique pas l’absence de sentiment pour son fils. Il ne dit pas l’attachement qu’il peu ressentir, à défaut d’amour. Cela n’interviendra qu’à la toute fin où il se demandera vraiment ce qu’est être père, et surtout le père d’un fils que l’on a pratiquement pas vu (il ne s’était visiblement pas interrogé sur le sujet avant se contentant d’oublier son fils après chaque rencontre).
Je n’avais jamais lu aucun livre sur ce thème (le fils qui ne connaît pas son père car parti à la naissance par exemple mais je n’avais lu un enfant qui avait vécu avec son père, qui était parti et jamais lu avec le point de vue du père). Pourtant cette lecture m’a laissé très froide à cause de la froideur des personnages. Il n’a suscité ni sentiments (donc) ni réflexions de ma part. Il m’a paru que l’histoire était une sorte de cas particulier, qu’il n’y avait pas le côté universel de la littérature.
Je ne sais pas si c’est très clair. Si vous pouviez poser des questions pour que je clarifie, cela m’arrangerait.
Références
Jours blancs de Jeroen BROUWERS – traduit du néerlandais par Daniel Cunin (Du Monde Entier / Galimard, 2013)
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