Cecile's Blog

Boue de Guillermo Fadanelli

Quatrième de couverture

Comment un homme sensé peut-il se laisser guider par ses passions ? Ainsi s’interroge Benito Torrentora qui, au seuil de la cinquantaine, abandonne sa paisible vie de professeur d’université célibataire pour protéger Flor Eduarda, une jeune criminelle de vingt et un ans. Lecteur de philosophie et connaisseur de l’histoire coloniale, il s’aperçoit, un peu tard, que la raison et l’érudition ne sauraient être suffisantes pour résister à l’attraction qu’exerce sur lui une petite employée de supermarché illettrée. Flor Eduarda, elle, est intriguée par cet homme pessimiste et occupé à des affaires auxquelles personne ne s’intéresse. Ensemble, ils fuient Mexico. Ni l’un ni l’autre ne peut se figurer le dénouement de cette aventure.

Mon avis

C’est donc le troisième livre de Guillermo Fadanelli que je lis après Éduquer les taupes et L’autre visage de Rock Hudson et Boue est clairement son meilleur livre. Peut être parce qu’il est plus long (350 pages en gros).

Clairement, les désirs sexuels d’un vieux célibataire devant une petite vendeuse de l’épicerie du coin, je m’en fous. Complètement comme de mon premier pyjama à rayures. Qu’est-ce qui m’a donc poussé à lire ce livre car la quatrième de couverture n’est clairement pas engageante de ce point de vue ? Continuer ma découverte de Guillermo Fadanelli et bien m’en a fait car il est arrivé à me passionner mon histoire. pour vous raconter ma vie, c’était mon roman de bus et pendant cette heure de transport, je n’arrivais pas à me rendre compte de ce qui se passe autour de moi (d’un autre côté, je le prends à 6h30 et il n’y a pas grand monde à part quand il y a des fous qui téléphonent à cette heure-là). J’étais contente de reprendre mon livre le matin à tel point que quand un soir je l’ai oublié au bureau, j’étais en manque.

Qu’est-ce qui m’a plu ? Le fait que Guillermo Fadanelli arrive à décrire un homme dans sa complexité. D’abord du point de vue physique, l’auteur nous parle des changements d’opinion qu’à Benito face à son corps. Il est parfois potable selon son avis mais peut devenir une loque humaine quand il comprend ce que la femme qu’il aime peut y voir. Pareil pour les sentiments, ils tournent autour de la jalousie, de l’envie, de la jeunesse, du désir, de la haine face à Eduarda car en étant là, elle l’oblige à se rendre enfin compte de qui il est. Sa vie, si on appelle cela une vie, était trop rangée (élèves idiots, collègues universitaires pas beaucoup mieux, sexe avec des prostituées). Il avait cessé de ressentir depuis longtemps. Il se laissait juste porter par sa routine. Même les livres qu’il lisait n’était d’ailleurs envisager que d’un point de vue intellectuel et pas du tout émotionnel (il y a des passages magnifiques sur les bibliothèques mais comme je ne peux pas écrire sur le livre, je ne peux pas vous en citer).

Ces changements dans le récit de Benito Torrentora font que le livre est extrêmement animé et extrêmement humain. De plus, les personnages secondaires, qui sont moins décrits puisque la narration est faite du point de vue de Benito, sont extrêmement vivants car ils sont particuliers. Ils font ressentir ce que pense Benito comme si c’était ses anges gardiens qui étaient là pour l’aider à comprendre ses actions.

Un autre avis

Celui de Ys.

Références

Boue de Guillermo FADANELLI – traduit de l’espagnol (Mexique) par Nelly Lhermillier (Christian Bourgois, 2009)


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