Quatrième de couverture
Dans une ville du nord de l’Angleterre, peu après Noël, un homme est retrouvé mort dans son appartement. Une enquête est aussitôt ouverte, rythmée par les voix de ses amis – tous des toxicomanes qu’il hébergeait en échange de menus services -, décidés à l’accompagner jusqu’au bout et à comprendre comment il a pu se retrouver seul, à court de vivres. Au fil des squats et des ruelles, ils lui rendent un dernier hommage, se remémorant leurs souvenirs avec lui, ainsi que leurs propres trajectoires.
Intense, exaltant, autant animé par l’espoir que par la colère, Même les chiens est une exploration intime des marges de la société, à la lumière de sentiments d’amour, de perte, de désespoir et d’un éclair de rédemption.
Mon avis
La première chose à faire est de lire l’article de Maryline Desbiolles, paru dans Le Monde, sur ce livre car il est d’une justesse ! C’est exactement ce que j’ai ressenti à la lecture. Si vous avez la flemme de cliquer sur le lien et de lire un véritable écrivain vous parler de ce livre, je vais quand même écrire un billet, moins bien écrit, moins intéressant mais c’est vous qui l’aurez voulu.
Le résumé de la quatrième de couverture est parfait : un homme, marginal, est mort pendant la semaine de Noël alors qu’il avait plein d’ami, ou plus exactement de compagnons d’infortune. Il les laissait venir si il lui amenait alcool et nourriture car il ne voulait plus sortir de chez lui, de peur qu’on lui prenne son appartement, seul vestige de son mariage. Les gens viennent, s’en vont … et forment une petite communauté. Ils vivant les uns à côté des autres en se connaissant mais pas forcément en se comprenant. Les uns voient les autres par rapport à ce qui peut leur être apporté. Il n’y a pas de notion d’amitié. Ils sont justes compagnons de galère. Pourtant le décès d’un des leurs les fera réfléchir sur leurs vies. Enfin, c’est ce qu’on croit.
Dès le début du livre, on est interpellé en tant que lecture. On suit les gens qui suivent le cadavre sans savoir qui sont vraiment ces gens. On comprend au fur et à mesure que c’est l’entourage du mort qui monte avec lui dans l’ambulance, jusqu’à la mort, assiste à l’autopsie mais on ne comprend pas pourquoi. (Et là je spoile d’un coup d’un seul : l’entourage, tous drogués, meurt d’une overdose très peu de temps après la première mort, pas en même temps car ils auraient pu tout empêcher. La seule survivante sera la fille du monsieur qui ne sortait plus de son appartement et un gars qui s’était fâché avec tout le monde quelques semaines avant Noël). C’est très impressionnant car on suit les personnages sans être dans leur tête au moment des faits mais en ayant leurs regards en rétrospectif. Cela donne une drôle d’impression : celle d’être là sans être là, de comprendre ce qui se passe sans pour autant le vivre. Le chapitre sur l’autopsie est aussi hyper-marquant car il nous réduit au plus simple appareil : celui de viande avec un passé qui explique l’état actuel.
Il ne faut pas être déprimé quand vous lisez ce livre. Il n’est pas poisseux de bons sentiments ou de jugements péremptoires mais comme le dit un avis sur la quatrième de couverture (celui de Mark Haddon), il est plein d’une « empathie profonde ». Si vous même vous êtes plutôt empathique, ce livre vous touche au cœur. Ce qui ne gâche rien : l’écriture Jon McGregor est magnifique.
Références
Même les chiens de Jon McGREGOR – traduit de l’anglais par Christine Laferrière (Christian Bourgois, 2011)
Livre lu dans le cadre des 12 d’Ys dans la catégorie auteurs en Mc.
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