Un petit peu de culture
Gerhard Henrik Armauer Hansen (1841-1912) scientifique norvégien qui, en 1873, a isolé le bacille mycobacterium leprae. D’où les noms : maladie de Hansen souvent donné à la lèpre, et bacille de Hansen au bacille qui en est l’agent.
Quatrième de couverture
Depuis des siècles, le bacille de Hansen et son cortège de lépreux vivent retranchés derrière des grilles, au fond de parcs herbeux. Qui sont ces silhouettes affublées de tuniques blanches, mi-hommes, mi-anges aux ailes meurtries qui vivent dans la dernière léproserie d’Europe, aux confins de la Roumanie ? Deux homosexuels polonais et roumain, une vieille femme russe, Zoltan le Hongrois et Robert W. Duncan, un Américain… Le chaos s’immisce progressivement dans ce huis-clos envenimé par la maladie. Hostilité et violence régissent bientôt le quotidien.
Au-dehors, la révolution de 1989 est en marche. Un matin, l’effigie de Ceausescu qui orne les murs de la cimenterie voisine est malmenée. L’hymne national ne résonne plus dans la cour pavée. L’instant propice pour prendre la fuite et gagner l’Occident ?
Mon avis
Claudio Magris a dit dans Corriere della Sera :
La léproserie décrite par Ognjen Spahic est une superbe métaphore de la dictature de la Roumanie communiste.
J’ai choisi de lire ce livre à cause, bien évidemment, de ce thème très original. J’étais tentée pendant les soixante premières pages d’en faire une lecture très littérale. Des hommes et femmes atteints par la lèpre sont enfermés dans la dernière léproserie d’Europe. Ils essayent de se débrouiller tant bien que mal dans un univers hostile, où l’enfermement leur est imposé par leur maladie mais surtout par une société qui ne veut pas voir ses « moutons noirs ». Il n’y a pas ou peu de médicaments, pas ou peu de nourritures, pas d’aide pour tout de ce qui est du quotidien (aller chercher du bois, enterrer les corps). L’auteur décrit très précisément la maladie et ses effets sur le corps ainsi que l’histoire des lépreux au cours de l’Histoire. Toute cette partie m’a déjà énormément intéressé.
À côté de la léproserie, il y a une usine qui sera le témoin des évènements de la révolution roumaine. On verra les scènes de joie, de résistance, de répression … À partir du moment où la Révolution commence dans l’usine, l’atmosphère de la léproserie commence aussi à changer.
Là où avant le fait qu’il y ait un « petit chef » ne dérangeait pas, il y a maintenant une rébellion des autres malades. Là où les gens vivaient en bonne harmonie dans la pauvreté, il y a conflits (qui seront même poussés jusqu’au meurtre). Comme le dit Claudio Magris, on peut sans aucun doute dire que la léproserie est une métaphore, pour l’auteur, de la Roumanie en pleine révolution. La léproserie, en pleine Révolution (où on essaiera de départager les plus faibles des plus forts), subit les attaques de chiens affamés, attirés par la putréfaction des chairs. Métaphore sans aucun doute de pays cherchant à récupérer la Révolution. Il y a aussi aussi tout ce qui est départ à l’ouest ou à l’est (les malades se scindent en deux groupes : seuls ceux de l’ouest survivront).
Le plus tragique est la conclusion proposée par l’auteur : le néant qu’il reste après l’incendie de la léproserie. Je ne sais pas si c’est son premier roman mais en tout cas c’est le premier roman traduit en français. J’ai beaucoup aimé et je suivrais sans aucun doute les autres traductions. Si vous êtes petite nature, ne vous attardez pas sur ce livre. J’ai lu un commentaire qui disait que les descriptions de la maladie étaient un peu glauques.
Références
Les enfants de Hansen de Ognjen SPAHIC – traduit du monténégrin par Mireille Robin et Alain Cappon (Gaïa, 2011)
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