« – Il fume sans cesse pour tanner sa peau et l’empêcher de craquer ou de s’infecter.
– La fumée est bonne pour les morts ?
– Excellente, mais celui-là n’est pas un zombie ordinaire. Il est froid. Ses muscles sont secs comme des cordes. Il est mort depuis des années. Le crâne sonne creux. Pas d’activité cérébrale. Il est mû par une volonté extérieure.«
La question est : faut-il être un zombie pour que cela soit le cas ?
Le professeur Bell qui parle a un fantôme : « Ne le prenez pas mal, mais effectuer chaque nuit les mêmes gestes pendant huit cent ans, ce n’est pas surnaturel, c’est de la névrose. » Je tenais à partager cette information avec les trois lecteurs de mon blog : les fantômes sont en fait des névropathes !
L’histoire
Je précise que le Professeur Bell était un des professeurs de Sir Arthur Conan Doyle, à Édimbourg, lors de ses études de médecine et que c’est en partie de lui que c’est inspiré l’écrivain pour créer son personnage de Sherlock Holmes. Joann Sfar précise au début de la bande dessinée que « le romancier a passé sous silence les aspects les plus noirs de la personnalité de son mentor. Il est temps de rendre publics certains vieux dossiers. »
J’ai donc lu le premier « dossier » en étant tout à fait morte de rire parce que visiblement Joann Sfar s’en est donné à cœur joie. Le Professeur Bell n’est plus seulement professeur de chirurgie mais aussi teratologue (spécialiste des monstres pour les incultes). Il pense que cela les attire et en soit il a raison (c’est au cas où vous comptiez en faire votre profession et que les monstres vous fassent peur). Un de ses anciens élèves, Pascual Pinon (mexicain d’origine ?!), directeur d’un asile d’aliénées dans un château qu’il a hérité de sa femme, vient le voir pour qu’il l’opère de la deuxième tête qu’il a sur le front. Elle le rend malheureux en effet car elle maintient ses fils en vie, et qui sont pourtant des cadavres. Ceux-ci tuent les pensionnaires de leur père et surtout celles dont il est amoureux. L’histoire ne dit pas si elle est malheureux pour les femmes ou pour le fait qu’il risque tout de même la faillite. Là-dessus, Bell refuse mais après il s’en mord les doigts. Il va au château, rencontre Celia, qui parle au fantôme névropathe, l’enlève quand les fils veulent la tuer, couche avec , l’héberge … s’en suit des combats entre Bell et les cadavres qui explosent le cabinet de curiosité de Bell (le service de la voirie d’Édimbourg est obligé de venir). Un truc de fou, vous l’aurez compris (ou non).
Mon avis
Joann Sfar monte ici un scénario génialissime parce que je trouve très second degré, les répliques sont très drôles et on ne peut s’empêcher de rigoler. Ce qui gâche un peu c’est le manque de détails dans le dessin (comme m’a dit ma collègue, c’est fait à l’arrach’). Je trouve que ce n’était pas le cas dans Le chat du rabbin : les décors étaient plus précis. Ici, finalement, reste des personnages très sombres (on est quand même dans l’empire du mal), des dessins stéréotypes et finalement qui semblent déjà vus (même si je ne suis pas sûre de les avoir déjà vus autre part que chez lui).
Références
Professeur Bell – tome 1 : le mexicain à deux têtes de Joann Sfar (scénario et dessin) et de Brigitte Findakly (couleurs) (Delcourt, 2007)
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