Après la lecture de Stasiuk, je cherchais une lecture détente, et qui donne le moral. Je me suis tournée vers un livre jeunesse (à partir de 11 ans) de Jonathan Coe, parce qu’il est pour moi une valeur sûre. C’est un bon livre pour la jeunesse (et jeune, je ne le suis plus trop visiblement) mais je n’y ai pas trouvé ce que j’y cherchais.
Quand le roman s’ouvre, Claire est une petite fille de huit ans, vivant avec ses deux parents, dans un petit pavillon d’une petite ville anglaise. Elle est heureuse mais trouve déjà que tout est un peu terne, sans relief, sans couleur, sans fantaisie. Ses parents ont visiblement quelques ennuis d’argent à ce qu’elle comprend, ils la laissent un peu trop souvent seule pour discuter entre eux, elle est enfant unique en plus. Un jour, elle va traîner à la décharge et trouve un miroir brisé (celui du titre).
Quand elle regarde dedans, le monde ne lui apparaît pas reflété exactement comme il existe réellement. Ainsi le petit pavillon de ses parents, de construction très cartésienne dirons-nous, ressemble au palais du dieu de la mer (son père), il est tout biscornu et décoré de coquillages. En fait, le miroir reflète un monde tel qu’elle l’aimerait et est donc en rapport avec son âge. Tout au long de son enfance, cela l’aide beaucoup à supporter un quotidien un peu triste.
Un épisode décisif se passe un jour à l’école, lui faisant perdre foi en un monde meilleur, les adultes ne défendant pas la justice mais leurs propres intérêts. De plus, les reflets du miroir ont commencé au fil du temps à ressembler à la réalité. Elle laisse donc son miroir de côté pendant quelques temps, quelques années plus exactement et le reprend pendant son adolescence (ingrate) … pour y découvrir de nouvelles choses et se sentir un peu moins seule.
Vous aurez sans doute compris que Jonathan Coe livre ici un conte sur la perte des rêves de l’enfance mais aussi sur la manière dont il est possible de changer les choses une fois adulte, si on arrive à garder l’esprit de l’enfance justement. Entendons-nous bien, il ne dit pas qu’il faut des châteaux biscornus un peu partout ou que la population ne soit constituée que de pompiers, infirmières ou princesses. Le propos est quand même un peu plus compliqué que cela. Je dirais plutôt que les enfants les plus « rêveurs » dans leur enfance sont d’après lui ceux qui ont développé la plus grande capacité d’imaginer un autre monde, pas forcément un monde extrêmement différent mais un monde meilleur. Ils ne peuvent le faire seul, mais en se regroupant ensemble.
C’est un livre plein de bons sentiments et très mignon, avec un déroulé de l’action assez rapide, qui à mon avis convient bien à un enfant de 10 ans. Je me rappelle bien qu’à l’époque je préférais les livres courts au livres longs, que je portais plus d’intérêt à l’intrigue qu’aux personnages. Sauf que j’ai grandi depuis et pour moi, le livre manque de profondeurs tant justement au niveau des personnages qu’au niveau de l’action : tout est trop simple (les gentils sont gentils et les méchants sont méchants), trop immédiat, sans aucune anicroche. Les gentils gagneront forcément ; il suffit qu’ils soient ensemble.
À la fin, il y a une sorte de miroir brisé où on peut se contempler et j’ai bien vu que j’y voyais trouble. Mon cas est donc désespéré … Je ne peux pas aider à changer le monde.
Un autre avis sur Lecture / Ecriture.
Références
Le miroir brisé de Jonathan COE – illustrations de Chiara Coccorese – traduit de l’anglais par Josée Kamoun (Gallimard Jeunesse, 2014)
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