J’écoutais l’autre jour une émission télé (je ne regardais pas puisque je travaillais) sur le Rhin, fleuve qui a inspiré beaucoup de romantique allemand. Tout à coup, ils se sont mis à parler littérature et entre autre à citer le mythe de la Lorelei. J’ai lu un livre récemment qui en parlait d’où mon oreille attentive au sujet. Ils disaient que le premier à en avoir parlé c’était Clemens Brentano. Première chose : je ne connais rien aux romantiques allemands donc je n’en avais jamais entendu parler. D’où recherche sur internet puis achat d’un livre qui est plutôt une nouvelle et qui ne parle pas de la Lorelei. Voilà, voilà …
Je vous ai déjà présenté plusieurs livres de cette série. Ce sont des « livraisons » choisies par un auteur sur un sujet particulier. Ici Pierre Péju a choisi six textes sur « La traversée du romantisme » dont Le brave Gaspard et la belle Annette. D’après la préface, Clemens Brentano (1778-1842) était un joyeux excentrique qui changeait d’avis tout le temps, en amour comme dans la vie de tous les jours. Il pouvait défendre une théorie un jour, soutenir le contraire le lendemain. Sur la fin de sa vie, il est même devenu mystique. D’après Pierre Péju, « comparée à ses longs récits […] dont le style est parfois embrouillé et la construction complexe », cette nouvelle « inspirée de faits réels, frappe par sa simplicité ».
Se promenant dans la vie un soir, le narrateur de l’histoire est attiré par un attroupement autour d’une vieille femme qui s’installe sur la pas de la maison ducale pour dormir. Les passants essaient en vain de l’en dissuader. Le narrateur décide de rester pour lui tenir compagnie et qu’elle lui raconte son histoire. Il est fortement impressionner par la volonté de la vieille (plus de quatre vingt ans tout de même) et surtout par sa piété. Elle vient voir sa filleule la belle Annette pour lui annoncer le suicide son petit-fils, le brave Gaspard, à qui la jeune femme était plus ou moins fiancé.
Le narrateur demande des explications sur ce suicide. Il s’avère que le petit-fils était obsédé par l’honneur, dont il parlait sans cesse à son père et son beau-frère, qui selon lui en manquait parfois. En fait, à mon avis, il ne s’entendait tout simplement pas avec eux. Quand on a ce genre de préoccupation, le mieux est d’aller à l’armée. C’est ce qu’il a fait et où il s’est distingué. Il vient montrer ses nouveaux galons à sa famille mais là lui arrive une aventure qui le poussera au suicide, à cause de son fameux honneur. La préoccupation de la vieille est de procurer à son petit-fils une tombe chrétienne au près de sa mère et de la belle Annette.
On se pose des questions au début parce que Annette ne semble pas devoir mourir demain et qu’en plus elle est susceptible de se marier. Ce que j’avais oublié, c’est qu’on est en plein romantisme donc on se rend compte au fur et à mesure du récit qu’Annette va bien mourir le lendemain elle aussi pour une question d’honneur. La demande de la vieille est donc bien légitime. Le narrateur va alors tout tenter pour la faire aboutir.
C’est un livre romantique car à la fin, tout le monde meurt sauf trois personnages. Le récit prend plutôt la forme d’un conte genre « il était une fois » « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». J’ai adoré parce que c’est follement original (jamais lu cette histoire ailleurs), le style est simple mais efficace (cela aurait pu avoir été écrit aujourd’hui). Il n’y a pas de longueurs grâce à une construction habile et des éléments disséminés dans le texte pour pousser à la lecture.
Une bonne découverte à mon avis !
Références
Le brave Gaspard et la belle Annette de Clemens BRENTANO – traduction par Gabrielle Buffet Picabia – préface de Pierre Péju (Mercure de France, 1997)
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