May Sinclair a publié ce texte en 1922. Il a été réédité en 1980 dans la collection Virago Modern Classics, qui rassemble toutes les auteures anglophones du 20ième siècle que l’on aime tant sur les blogs francophones, Rosamond Lehmann ou Molly Keane en sont ainsi de dignes représentantes.
Ce livre est très court 150 pages écrites en gros caractères avec pelin de pages blanches. Cela s’explique par le fait que le livre est constitué de 15 chapitres de moins de 10 pages décrivant les moments clés de la vie d’Harriett Frean. Sur 70 ans, on va de la naissance à la mort.
Harriett est née au 19ième sicècle (fin du siècle) dans une famille aisée. Elle est la seule enfant d’un père travaillant dans la finance et d’une mère aimante. Ils forment tous les trois une famille très soudée. La petite fille vit pour ne pas décevoir ses parents ; elle est donc une petite fille modèle pour qui la fréquente. Elle agit toujours bien. Autour de ses vingt ans, le fiancé de sa meilleure amie tombe amoureux d’elle. Elle le refuse pour ne pas perdre son amie et surtout parce qu’elle agit toujours bien, pour ne pas contrarier ses parents.
Plus tard, sa famille sera ruinée, son père ayant fait de mauvais investissements. Pourtant son univers ne s’écroule pas car il lui reste sa mère. Quand à son tour elle mourra, Harriett découvrira au fur et à mesure les conséquences de ses toujours « bonnes actions », tout en devenant une vieille dame respectable.
Ce qu’il y a de remarquable dans ce livre, c’est la manière dont May Sinclair fait passer 70 ans. Comme par magie, vous assistez à toute la vie de Harriett, pas seulement aux moments clés. Le texte n’est pas du tout décousu. Parfois le passage du temps est explicitement fait (une année passe, deux années passent…) mais en général le passage se fait naturellement. Pourtant on sait toujours à quelle moment de la vie de l’héroïne on est.
L’écriture de May Sinclair n’est qu’économie de moyen. À la findu livree, cependant, on a l’impression qu’Harriett a vraiment existé. L’auteure arrive à nous la rendre très proche en décrivant tout au long du livre ses pensées et sentiments.
May Sinclair a été traduite en français dans les années 80. Ce n’est pas un auteur si mineur qu’on pourrait le penser (même George Orwell avait repéré ce livre). Par exemple, elle est la première à avoir utiliser le terme de « stream of consciousness » dans un contexte littéraire. C’était pour une critique du livre de Dorothy Richardson, Pilgrimage. Connaissez-vous Dorothy Richardson ? Je n’en avais jamais entendu parler avant…
Références
The Life and Death of Harriett Frean de May SINCLAIR (Virago Modern Classics, 2012)
Laisser un commentaire