Quatrième de couverture
Le détective borgne Héctor Belascoáran Shayne se voit confier une mission par une jeune avocate : retrouver un mort… qui n’est pas mort. Elle défend l’instituteur et syndicaliste Medardo Rivera, accusé d’avoir tué un certain Lupe Barcenas. Mais le jour du meurtre, le suspect assistait à une réunion de famille en compagnie de deux cent cinquante personnes. Quant à la victime présumée, elle a été aperçue post mortem en train de trinquer avec les dirigeants de la police locale !
Aidé par un ancien élève de Rivera, Héctor se lance sur la piste de Barcenas…
Inspiré par une authentique révole d’enseignants à la fin des années 80, ce livre totalement jubilatoire met à nu la mascarade sinistre du système politico-judiciaire mexicain. Rébellion, humour et poésie surréaliste, tels sont les armes préférées de Paco Taibo, qui a l’art de s’indigner avec élégance.
Une citation
Le Mexique n’était plus ce qu’il était, l’absurde y avait ses limites.
Mon avis
J’ai pris ce livre hier soir parce qu’il était court et que j’aime beaucoup lire un livre en une seule fois, avant de m’endormir. J’étais dans mon lit en train de me dire que c’était intéressant mais sans plus. Pensez donc, il s’agit d’un détective qui n’enquête pas, qui ne cherche rien. Il se contente d’aller sur les lieux, de parler et de boire des pepsi. Il ne déduit rien. Pour moi, il n’y avait pas d’intérêt. En plus, l’auteur nous met des fausses références à Sherlock Holmes (vous connaissez vous Le Mystère du bois aux cailloux ?). Je me suis dis qu’il fallait mieux fermer le livre et le reprendre aujourd’hui (il me restait en gros une vingtaine de pages).
Entre temps, j’ai dormi et réfléchi. J’ai déjà vu cela quelque part ! Tout simplement dans les quatre romans de Gabriel Trujillo Muñoz que je vous ai présenté récemment. Le livre est court (120 pages). Le détective n’enquête pas. Il est juste le vecteur servant à l’auteur pour montrer la société mexicaine dans son ensemble et surtout y porter un œil critique (sans mauvais jeu de mots). L’écriture aussi a des points communs : on décrit des actions, des faits sans mettre d’emotions. Les deux écrivains construisent une tour en LEGO : ils empilent de manière très linéaire. La différence est que là où Gabriel Trujillo Muñoz avait une écriture assez neutre, Paco Ignacio Taibo II va renforcer par l’absurde, par des clins d’œil, des moments d’indignation. Ce n’est pas son personnage mais bien l’auteur qui s’indigne. Il y a comme cela des passages qui semblent venir d’ailleurs, écrits par une autre personne (comme s’ils n’auraient pas dû se trouver inclus dans la narration).
J’ai donc repris le livre ce matin. Cela m’a déjà paru plus clair (note à moi-même : ne pas trop vouloir lire avant de dormir). Par exemple, Paco Ignacio Taibo II décrit la formation d’une sorte de révolte. Le détective s’assoit sur le trottoir pour faire pression sur le faux mort. Une vieille vient le rejoindre, puis des adolescents, puis des professeurs, puis des écoliers. Ils se retrouve à 300 personnes à attendre devant la maison d’un homme. Il faut dire que cette affaire à diviser le village : entre ceux qui « soutenaient » le pouvoir local (parce qu’ils n’avaient pas le choix) et ceux qui étaient indignés par une fausse accusation aussi mal montée (le faux mort continuait à vivre chez lui tout de même). J’ai trouvé que l’auteur montrait bien cette capacité à s’indigner, à former un mouvement populaire qui semble il y avoir eu dans les années 80 au Mexique (j’ai pensé au Sou-commandant Marcos parce que quand j’étais petite fille cela m’avait impressionné que l’on puisse encore faire la révolution alors que nous c’était fini depuis la fin du 18ième siècle)(c’est cela de regarder trop les infos quand on est petit : il y a des images mais on ne comprend pas tout et on retient seulement certaines choses). Je ne sais pas si c’est encore le cas.
Je retenterais Paco Ignacio Taibo II mais pour des romans plus longs je pense (avant d’attaquer les autres courts).
Références
Défunts disparus de Paco Ignacio TAIBO II – traduit de l’espagnol (Mexique) par René Solis (Rivages Noirs, 2012)
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