J’ai lu cette intégrale (regroupement de comics paru en épisode) grâce au 12 d’Ys car avant je ne savait même pas qu’elle existait. Je sors comme d’habitude de ma planète puisque un des auteurs est le fameeeeeeeux Alan Moore et qu’il y a même une film qui en a été adapté.
J’ai bien dit grâce parce que j’ai énormément aimé (j’ai des petits bémols dont je parlerai à la fin). Le scénario signé d’Alan Moore est juste passionnant. On est en Angleterre à la fin des années 90. Il y a eu un guerre quelques années auparavant qui a fait que l’Angleterre est au main des fascistes. Cela va de pair avec un ordinateur qui surveille tout et tout le monde, avec les camps de concentration pour les ennemis de la société que sont ici les Noirs, les homosexuels … On réalise sur eux toute sorte d’expériences, plus nocives les uns que les autres sous prétexte de sciences. Les habitants de cette Angleterre sont complètement amorphes devant cette société qui les prive de leur droit élémentaire : la liberté. La preuve en est est qu’ils attendent avec ferveur le programme radio officiel où la Voix représente le pouvoir suprême détenu par l’ordinateur. Mystification bien évidemment car c’est bien la voix d’un homme.
Un homme va essayer de changer les choses, c’est V (c’est l’homme sur la couverture, un peu comme Guy Fawkes : c’était ce que voulait les deux auteurs). V comme vendetta ou comme V (le chiffre romain). Il a été détenu dans un camp de concentration d’où il a réussi à s’évader. Le début de la bd sera sa vengeance contre les personnes qui l’ont enfermé : ce sont aujourd’hui des grosses huiles dans le régime en place. Il y a la Voix. Il est évident que cela va donc faire vaciller les bases du régime ; il est traité de terroriste. La vengeance de V ne s’arrêtera pas aux personnes qui lui ont fait du mal mais continuera car il prône l’anarchie pour aider l’Angleterre à sortir de là : il y a donc une phase de destruction des institutions en place et la mise en place d’un ordre nouveau, un ordre choisi par les habitants eux-mêmes. Il faut donc qu’ils prennent le pouvoir et donc qu’ils se réveillent. C’est ce que V va essayer de faire en s’adjoignant l’aide d’Evey Hammond, une jeune femme qu’il a sauvé des griffes de la police et qu’il formera à des aspects qui ont disparu de l’Angleterre de cette époque (la culture par exemple).
C’est une réflexion terriblement intelligente qu’on nous présente ici. Les deux auteurs arrivent à présenter de nombreux aspects de la vie d’un pays fasciste et paranoïaque, à présenter les réponses que peut envisager le régime face à la contestation. Il y a des références intéressantes : 1984, Arthur Koestler … Ce qui est vraiment intéressant, c’est l’absence de jugement. Les auteurs n’hésitent pas à employer de grands mots comme anarchie, terrorisme … tout en présentant tous les aspects, positifs comme négatifs. C’est la première fois que je lis un comics où on nous présente une vraie réflexion qui ne sois pas manichéenne. C’est intéressant de voir que les auteurs ont écrit cette bd dans les années 80 où l’Angleterre en devenir leur faisait peur. Ils ne lui voyaient pas d’avenir. Cette bd c’est leur réflexion sur le sujet. C’est donc aussi un texte militant, un texte qui vise à avertir des dangers.
Il est souligné dans la postface dans un entretien avec Alan Moore le travail qui est fait sur la mise en page du livre : on n’expose pas les pensées des personnages et il n’y a pas de blocs narratifs. Je n’avais pas remarqué mais quand je l’ai rouvert ensuite, j’ai été époustouflée qu’on puisse faire passer tant de choses en si peu de textes. Le graphisme et les couleurs sont à mon avis assez datées mais je trouve qu’on s’habitue au fur et à mesure et cela ne dérange plus la lecture (la figure de V est toujours très soignée par contre). Le petit bémol que je mettrais, c’est que j’ai été incapable de reconnaître les visages des personnages secondaires tout au long de ma lecture. Je me suis basée sur le lieu (travail, bar …) pour les reconnaître mais c’est tout. À la lecture, cela ne me dérangeait pas plus que cela mais toujours dans la postface, Alan Moore souligne l’importance de ces personnages secondaires. J’ai eu honte et je me suis promis une seconde lecture.
Je recommande donc.
Références
V pour Vendetta de Alan MOORE (scénario), David Lloyd (dessin) – traduction de Jacques Collin (Urban Vertigo, 2012)
Livre lu dans le cadre des 12 d’Ys – catégorie romans graphiques et intégrales.
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