Quatrième de couverture
Dans une vie d’entre-deux-guerres, un village au travail voit ses peurs et ses rancœurs révélées par un fait divers anecdotique et presque drôle : un muet pris d’une envie soudaine de déféquer (était-ce l’eau saumâtre du matin ?) demande à une jeune fille par des gestes explicites les latrines les plus proches. Seulement, dans un monde où la violence a formé les âmes simples, les gestes les plus anodins peuvent être interprétés comme des agressions réelles. Cette jeune fille ,se croyant ainsi l’objet d’une tentative de viol, hurle, crie, alerte. Le pauvre hère, comprenant la méprise, croit que courir le sauvera. Pourtant, cela devient un véritable aveu de culpabilité et le conduit inexorablement au gibet, où la vindicte populaire pourra montrer l’étendue de ses peurs. Petit à petit, à travers les passés traumatisés des acteurs de cette histoire, on assiste aux interrogations de tout un peuple sur ce que sont la justice et la difficulté d’être ensemble… À force d’évoquer l’inavouable, celui-ci s’est produit !
Mon avis
Je continue mes découvertes des premiers romans parus en 2012 et ce grâce aux bibliothèques de Paris.
Avouez qu’à lire la quatrième de couverture, ce roman a plein de qualité : il présente une intrigue très originale, qu’à mon avis vous n’avez jamais eu l’occasion de lire. C’est un peu la transcription au Burundi des affaires de village que nous a décrit dans Fin de chasse Jean-Paul Demure. La différence est qu’ici la foule est virulente, moins taiseuse, moins fourbe et donc plus prompte à s’indigner, à s’emporter. L’effet de masse fait le reste. Roland Rugero, jeune auteur puisque né en 1986, nous décrit une tentative de lynchage, de jugement par le peuple sans la neutralité de la justice. Rassurez-vous le pire sera évité grâce à un homme plein de sagesse.
Roland Rugero a un style très intéressant à mon goût car il mêle une narration classique de son histoire à ce qu’il m’a semblé être des contes ou des légendes transmises de génération en génération qui ont sur moi l’effet de gouttes de sagesse qui nous étaient diffusées en perfusion, pour entrecouper un récit difficile. Il y a aussi les phrases qui tombent comme des sentences pour nous permettre de mieux comprendre les enjeux de l’histoire. On peut citer par exemple la toute fin du livre :
Toute la vie n’est qu’agitations, d’ailleurs. Mais le plus important, c’est d’agiter cette vie, sans la laisser choir. La vie c’est l’eau qui coule par terre et qu’on ne peut ramasser… Ainsi chemine la pensée de la vieille borgne.
C’est une très jolie découverte mais il faut accepter de ne pas tout comprendre (en particulier l’intervention des différents personnages qui servent surtout à la description de la vie de village).
Références
Baho ! de Roland RUGERO (Vents d’ailleurs, 2012)
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