Quatrième de couverture
Un homme se rend comme à l’accoutumée chez sa maîtresse. Il mène une existence parfaitement réglée, se partageant entre cette liaison secrète, son cabinet de dentiste, sa femme, ses deux enfants et le dîner hebdomadaire avec son beau-père.
Quel vertige le saisit-il un jour lorsqu’il sonne à la porte de sa maîtresse ? Quel craquement en lui ébranle-t-il tout l’édifice de sa vie ? Subitement, la mort et le néant ont percé sa chair. Désormais, qu’il soit avec son amante, qu’il regarde le sourire de sa femme ou qu’il soit penché sur la bouche d’une de ses patientes, il lui faudra vivre avec cette brèche au centre de tout être.
« Si cela doit exister, ce trou vide et nul, cette absence de ma chair et de mon corps, si la bouche doit exister, (…) je préfère cela à la fausse sécurité de mon corps mort … »
Mon avis
Je n’ai jamais lu Somoza alors que j’ai deux livres de lui en attente mais ils sont trop gros. En cherchant dans sa bibliographie, j’ai vu qu’il y avait ce très court texte. L’avantage suprême était qu’il était à la bibliothèque.
J’ai lu l’avis de Laurence sur Bibliolog qui disait que le livre n’était absolument pas représentatif de l’univers de l’auteur. C’est pas de chance car le livre m’avait plutôt plu. C’est vrai que le livre n’est qu’une phrase et qu’il peut donc être difficile de reprendre sa lecture si on s’arrête, surtout que le livre a un rythme assez effréné.
C’est une très belle fable qui se rend compte que finalement sa vie n’est que désert : la peau qui l’entoure ne cherche qu à masquer ses os, ce qu’il est vraiment mais ne fait pas de lui quelqu’un qui vit plus que les autres. Il se rend compte qu’il doit cependant faire avec et (re)commence à mener une vie « normale ». Pourtant, une nouvelle « lubie » lui vient, sa bouche quui elle restera toujours vide, qui représente le vide d’une existence qui ne se comblera jamais. Malheureusement pour le narrateur. Les derniers mots du livre sont les suivants :
si cela doit exister, ce trou vide et nul, cette absence de ma chair et de mon corps, si la bouche doit exister, je préfère tout faire sortir, que tout s’en aille comme un souffle pur, que tous l’entendent, que tous le sachent, je préfère cela à la fausse sécurité d’un corps mort, c’est ce que j’ai dit, crié dans un silence pur, et je me suis enfin vu transformé en rien : le vide remplissant tous mes os ouverts comme des flûtes muettes, amenuisés comme du sable enfin, juste ces cendres ultimes, à peine la trace légère que le vent finit par effacer, juste le vide, le vide énorme de cette bouche qui doit dire et révéler et découvrir et crier et accuser et me vider vers l’extérieur depuis l’intérieur et me mêler à tout : cette bouche ouverte et infinie du silence absolu par lequel je parle même si personne n’entend
Notez qu’il n’y a pas de point à la fin du livre, qui n’est donc même pas constitué d’une phrase entière. Ce n’est pas la première fois que je lis un livre où un personnage parle tout seul sans s’arrêter, c’était un Horacio Castellanos Moya si je me rappelle bien la première fois.
Références
La bouche de José Carlos SOMOZA – traduit de l’espagnol par Marianne Millon (Mille et une nuits, 2003)
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