Présentation de l’éditeur
Dans ce petit récit, Efim Etkind, un ami de Soljénitsyne et de Iossif Brodsky, nous conte l’étonnante histoire d’une traductrice russe passionnée de poésie anglaise qui traduisit le Don Juan de Byron dans une cellule du NKVD.
Le destin de Tatiana Gnéditch, descendante du traducteur de L’Iliade en russe, illustre une fois de plus la place de la poésie et de l’art dans la résistance aux dictatures : la beauté agit sur les âmes, sur celles des victimes, sur celles des leteurs, et qui sait ? peut-être même sur celles des bourreaux…
Mon avis
Ce livre nous donne un exemple de ces gens qui résistent pour et par la beauté de l’Art. Il élève aussi la traduction comme un Art.
En effet, Tatiana Gnéditch (1907-1976) est la petite fille de Nikolaï Gnéditch (1784-1833), grand ami de Pouchkine, traducteur de L’Iliade en hexamètres dactyliques. Il y a passé sa vie et personne ne l’a retraduit depuis. Sa petite fille a donc de qui tenir. Elle est plus passionnée par la poésie anglaise que par les considérations politiques. C’est une personne entière et c’est ce qu’il lui vaudra des ennuis. Elle sera condamnée à dix ans en camp de redressement par le travail. Les deux premières années, elle les passera à traduire le Don Juan de Byron en huitains classiques, d’abord de mémoire et ensuite avec le livre. En effet, elle tombera sur un interrogateur cultivé qui lui fournira tout le matériel nécessaire. un peu comme le directeur de la prison pour Oscar Wilde et son De Profundis.
J’avais au collège une correspondante russe qui m’a demandé un jour de lui montrer Pouchkine en français. Elle m’a dit que c’était moche et que franchement, elle ne reconnaissait pas la poésie de l’auteur. Maintenant, je comprends pourquoi car encore plus que pour un roman, la traduction de la poésie est vraiment quelque chose de très difficile pour maintenir la musicalité, la construction de l’œuvre. Traduire un auteur, c’est l’œuvre de toute une vie.
Un très beau texte donc !
Références
La traductrice de Efim ETKIND – traduit du russe par Sophie Benech (Éditions Interférences, 2012)
On nous explique que les huitains classiques sont des strophes de huit vers dans lesquelles le premier vers rime avec le troisième et le cinquième, le deuxième avec le quatrième et le sixième, et le septième avec le huitième.
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