Le Malheur : nouvelle hautement actuelle. Un marchand « découvre » qu’il a trempé dans des affaires louches après l’arrestation du directeur de la banque locale. Il crie son innocence à tout-va et ne se rend jamais compte que finalement ne pas voir est aussi grave que d’avoir fait.
Graine errante : rencontre entre deux hommes en pèlerinage au monastère de Sviatogorsk (ou Svyatogorsk en Ukraine). Un homme écoute, l’autre parle de sa conversion à l’orthodoxie dans le but d’atteindre son but ultime, la connaissance. Une quête qu’il n’est pas près de terminer puisque c’est un but inatteignable. Il errera toute sa vie.
L’uniforme du capitaine : un tailleur trouve normal qu’un capitaine ne le paie pas pour son travail car un capitaine est un homme fort éduqué et instruit. Quand le tailleur insiste sur l’ordre de sa femme, le tailleur se fait souffleter.
Chez la maréchale de noblesse : une veuve, qui a perdu son mari à cause de l’alcool, veut instaurer la tempérance dans son district. Elle organise chaque année une messe et un repas gargantuesque en l’honneur de son défunt mais sans alcool. Cependant, les invités trouvent toujours moyen de boire en cachette. Elle ne s’aperçoit de rien et se félicite même. Nouvelle très ironique et très drôle surtout, cherchant à dénoncer le penchant non réfréné pour l’alcool à l’époque (enfin on suppose).
Vieillesse : raconte la rapacité d’un avocat et l’impossibilité pour un vieil homme de pleurer une femme, d’avec laquelle il a divorcé après lui avoir donner de l’argent pour qu’elle prenne tous les torts. Celle-ci a cherché à le dépenser dans l’alcool et la débauche, se repentant l’a redonné à l’avocat qui a tout gardé pour lui et quand elle a voulu le reprendre, il ne lui a rien redonné et l’a laissé pourrir dans la misère. D’une tristesse !
« Vieillesse ! songeait-il. Il n’est qu’un plaisir, les larmes, et elles ne coulent pas !… »
Angoisse : un cocher a perdu son fils cette semaine à l’hôpital mais il est obligé de continuer à travailler pour vivre. Il veut en parler à quelqu’un, essaye auprès de ses clients, qui ne pensent qu’à le battre pour aller plus vite, auprès de ses collègues qui ne l’entendent pas. Ils ne trouvent réconfort qu’auprès de son cheval. Tchekhov résume ici une vie de solitude.
Les yeux de Iôna courent anxieux sur les groupes de gens qui se pressent des deux côtés de la rue. Ne se trouvera-t-il pas dans ce millier de gens quelqu’un pour l’entendre ? Mais les gens passent sans remarquer ni lui ni sa peine…
Peine énorme, sans borne ! Si la poitrine de Iôna éclatait et si son angoisse s’en répandait, il semble qu’elle inonderait le monde entier, et pourtant nul ne la voit ! Elle a su se loger dans une enveloppe si mince qu’on ne la verrait même pas en plein jour avec une lumière…
Toutes ces nouvelles sont extrêmement courtes et réussies (un peu beaucoup triste aussi) dans le sens où Tchekhov arrive à nous faire sentir une époque (et aussi à dénoncer les travers de cette époque). Comme Dans le bas-fond, le narrateur n’intervient pas et ne juge pas même si les personnages donnent leurs sentiments. Il n’y a pas de morale au sens propre du terme, de conclusion ou de chute mais pour l’instant, je n’ai été déçue par aucune nouvelle.
Références
Nouvelles regroupées dans le recueil Salle n°6 de Anton TCHEKHOV – traduit du russe par Denis Roche (Plon, 1961)
Laisser un commentaire