Cecile's Blog

Dans le bas-fond de Anton Tchekhov

Deuxième nouvelle du recueil. Cette fois-ci, Tchekhov n’est plus dans la réflexion sur le classement arbitraire des personnes. Il n’y a pas de tirades, pas de sentences qui expriment en une phrase ce que nous expliquerions en cinquante sans arriver à faire sentir la même chose. Ici, Tchekhov illustre et ne juge pas.

La famille Tsyboukine habite un petit village et y exerce les fonctions du commerce. Ils ne sont pas reconnus pour leur honnêteté. Il y a Grigori Petrovitch, le patriarche, les deux fils Anissime (qui sert dans la police à la section de recherche et n’habite donc pas à la maison) et Stépane (sourd et un peu bête, qui a pris la voie de son père). Il y a Akssinia, la femme de Stépane qui dirige tout, ouvrière consciencieuse et vénale. Elle arrivera à prendre une place de plus en plus importante dans la famille pour finalement la diriger malgré la présence de la jeune femme de Grigori Petrovitch, Varvara Nikolaevna, pieuse et un peu dépassée par la personnalité de sa nouvelle famille.

Le seul soucis est que Anissime n’est pas marié. On va lui choisir la jeune et inexpérimentée Lipa. Pour elle, cela sera le début de tout ses malheurs (mais vraiment affreux, affreux). La fin dira que finalement, la meilleure personne n’est pas celle qui a le plus d’argent mais bien celle qui a le plus de cœur.

Comme dans La salle n°6, Tchekhov décrit par le menu tous les membres de la famille ainsi que leurs généalogies. Cela donne une impression de foisonnement comme si on s’installait dans un roman (alors que c’est une nouvelle). On rentre dans les péripéties de la famille et on ne voit pas où il veut en venir, jusqu’à l’accident. Le malheur est arrivé. Il ne reste plus qu’à voir comment cela va se poursuivre. J’ai trouve que la structure ressemblait beaucoup à celle de La salle n°6.

Dominique faisait aussi remarquer que finalement dans La salle n°6, on sentait une empathie de l’auteur pour les malheurs d’autrui. Ici aussi, bien évidemment. Cependant, je n’ai pas eu l’impression qu’il dénonçait quelque chose, comme si l’auteur n’intervenait pas et laissait faire ses personnages.

Références

Dans le bas-fond de Anton TCHEKHOV – traduit du russe par Denis Roche (Plon, 1961)


Commentaires

3 réponses à “Dans le bas-fond de Anton Tchekhov”

  1. wow, tu es en pleine découverte slave ! 🙂
    je n’y connais strictement rien 😀

    1. Avatar de cecile
      cecile

      C’est le reader qui veut cela et en plus, j’en ai plein ma PAL (si je n’avais que ça d’ailleurs). Puis il faut dire aussi que je suis une inculte et que j’aimerais bien dire oui quand on me demande si je connais Les frère Karamazov. En plus, il y a plein d’auteurs intéressants, en poche en plus, que je découvre. Mais il faut aussi que je lise des contemporains (que j’ai dans ma PAL bien évidemment).

  2. Avatar de Pierre Yves Leduc
    Pierre Yves Leduc

    Je viens tout juste d’achever la lecture de « Dans les bas-fonds ». J’ai failli abandonner vers le troisième tiers, parce que je ne savais pas moi non plus où Tchekhov voulait en venir. Mais j’ai solidement raccroché dans le dernier quart. Ici Tchekhov décrit un monde où règne la médiocrité, l’absence d’éducation et de scrupules. On est en-dessous du ras des pâquerettes. Tchekhov ne juge pas, mais vraiment pas. Il décrit son monde à la manière d’un entomologiste que étudie les mœurs grouillantes d’un nid d’insectes. Bien sur, il y a là des personnages qui ne sont pas dépourvus d’une certaine grandeur d’âme. On s’émeut souvent, et les larmes coulent sur les joues. Ce que je retiens, pour l’instant et en guise de première impression — et je crois vraiment que c’est ce que Tchekhov a voulu nous faire voir —, c’est que, dans ce monde là, c’est « la fatalité » qui décide de tout.

    Pierre Yves Leduc

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