Quatrième de couverture
« Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d’un jeune homme d’une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment , tant ému le public et donné lieu à d’étranges conjectures. »
Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur, a fait ce vœu insensé : garder toujours l’éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et des péchés. Et, de fait, seul vieillit le portrait où se peint l’âme noire de Dorian. Ce livre nous conduit dans un Londres lugubre, noyé dans le brouillard et les vapeurs d’opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu’il parut en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d’être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d’esthète – fascinants, l’un et l’autre, d’une étrangeté qui touche au fantastique.
Mon avis
J’ai lu dans ma jeunesse Le crime de Lord Arthur Savile. Je n’en garde aucun souvenir à part celui de m’être ennuyé. Du coup, j’avais un peu laissé tomber parce que si tout était comme ça et voilà que le challenge Oscar Wilde de Lou arrive et où on nous propose des lectures communes dont celles de Teleny. Connais pas moi ce livre mais bon j’ai été intriguée par lecture chaude (en plein hiver c’est plus classe). Je l’ai lu et je ne ferais pas de billets dessus. C’est très bien mais je n’avais pas fait de billets sur ma lecture de Mémoires de Fanny Hill parce que je ne voyais pas trop commenté et là c’est un peu le même cas (à part m’étonner que l’on puisse écrire cela à cette époque là). Cela m’a relancé dans Oscar Wilde … et donc dans Le Portrait de Dorian Gray. Je vais tout de suite passer le style : trop bon … avec plein de bons mots, des discussions que l’on aimerait être capable de tenir (principalement centré sur la beauté et la jeunesse, pas forcément ma tasse de thé). Il n’y a que le chapitre 11 qui m’a traumatisé car il fait passer 18 ans de la vie de Dorian et en un chapitre il arrive à nous faire très bien sentir la longueur et la pesanteur de ces 18 ans (en gros c’est long, très très long). On ne peut pas être Virginia Woolf et Oscar Wilde en même temps.
Mais c’est surtout de l’histoire dont je voulais parler. Par contre ceux qui ne l’ont pas lu, ne lisez pas la suite, s’il vous plaît.Sachez qu’il faut le lire pour savoir au moins de quoi ça parle pour faire moins bête quand on vous en parle !
Je ne connaissais que l’histoire écrite dans la quatrième de couverture et après lecture, je me rends compte que je ne connaissais rien. Je dois avoir un côté très très puritain car j’ai été choqué. Bien sûr, Dorian Gray c’est la vanité incarné dans la beauté et la jeunesse. Je ne pensais pas qu’en fait Oscar Wilde irait si loin. Sibyl Vane se suicide par sa faute (on lui donne dans ce cas là l’excuse de la naïveté ou de la méchanceté de lord Henry Wotton dont il subit l’influence), le frère de la jeune fille est tué par sa faute (même si il ne le souhait pas). il tue son ami Basil Hallward et de manière sanglante alors que celui-ci souhaite juste l’aider (à coup de religion, c’est discutable mais tout de même), il force un ancien ami Alan Campbell à se débarrasser du corps (à coup de chantage), celui-ci se suicide et on nous laisse penser que ce n’est pas tout. Cela fait beaucoup pour un seul homme je trouve. Oscar Wilde continue à le décrire selon l’état de son âme mais aussi selon sa culture du beau, du luxe, de la jeunesse qui va grandissante (c’est le fameux chapitre 11). Finalement, Oscar Wilde confronte culture et intelligence de l’âme. J’attendais la fin avec impatience en me disant que tout allait s’arranger (ben oui je ne connaissais pas l’histoire). Quand Dorian Gray meurt, soit suicidé soit tué par le tableau, je me suis dit : pourquoi n’a-t-il pas choisi ! La première solution c’est le dégoût de lui-même qui a gagné (il en éprouve quand même parfois heureusement) mais la deuxième solution c’est le comble de la vanité : le tableau le détruit quand il essaye de se détruire lui-même. Du coup, j’étais outrée. Et je voulais savoir ce que ceux qui l’avaient lu en pensait …
Références
Le Portrait de Dorian Gray de Oscar WILDE – traduction de Vladimir Volkoff – édition de Jean-Pierre Naugrette (Livre de Poche, 2001)
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