Quatrième de couverture
James Mason est diacre. Il a perdu son père. Sa mère l’a abandonné. Sa foi vacille. Sa fiancée est enceinte. Son église va fermer, faute de fidèles, rachetée par un antiquaire interlope. L’orteil de saint Thomas à Becket, précieuse relique de l’église de Tous-les-Saints de Genève, s’empare de l’esprit du jeune homme… Sous cette pieuse influence, James entame une carrière de pilleur de tombes pour le compte d’un trafiquant. Décidément, lesVoies du Seigneur empruntent des chemins étranges, le long des allées des cimetières suisses, troublant le repos de quelques défunts célèbres – Jung, Calvin, Richard Burton, Chaplin… et même les chiens d’Elizabeth Taylor !
– Jay, mon garçon, comment vas-tu sortir de pareil sac d’os ?, aurait commenté feu James Mason Senior.
Mon avis
C’est un livre lu en partenariat avec Babelio. D’un partenariat, je peux attendre deux choses : soit me fournir gratuitement un livre que je voulais, soit découvrir une histoire, un auteur … quelque chose que je n’aurai jamais lu.
Cependant parfois, j’ai l’impression de cliquer sur n’importe quoi pour Babelio. Pour le coup, ici j’en ai gagné deux. Quand j’ai reçu les mails, je voyais bien le livre serbe de quoi cela parlait (j’en parlerai quand je l’aurais lu), mais alors celui-ci je ne me rappelais même pas avoir cliqué dessus. J’ai lu le résumé et je me suis dis mouaif, mouaif, ça promet d’être bizarre. Mais encore une fois, j’ai été conquise par l’histoire, par la narration, par la traduction …
Pour le bizarre, c’est bien là et il n’y avait qu’un anglais pour écrire cela de manière aussi drôle, délurée et désinvolte. On sent tout de suite que le pauvre James Mason est perdu. À trente quatre ans il ne sait pas trop ce qu’il doit faire ni qui il est. On comprend que Genève c’était plutôt une mutation décidée par sa hiérarchie pour s’en débarrasser. On apprendra plus tard ses antécédents familiaux et on comprendra facilement pourquoi son mal être tourne un peu au névrotique, à la folie. Par un « heureux » hasard (suite à la fermeture de son église), il rencontre Moholy et Rifka : le trafiquant de relique et la petite main du trafic (qui formera James à l’ouverture des tombes en toute discrétion, formation non validée par le Pole Emploi je précise pour ceux qui voudrait faire pareil). James se lance dans ce nouveau travail, avec l’empressement et l’enthousiasme du gars qui aimerait avoir un but (entre autre récupéré sa copine enceinte), tout en se persuadant que ce n’est pas si grave et que cela ne va pas à l’encontre de ses convictions.
James va découvrir quelque chose (ce sera confirmé par Moholy et Rifka) : les reliques ont une influence. Au fur et à mesure des pillages, James devient la personne dont il déterre les os (et il les garde parce que oui il a du mal à redonner les os). Chaque chapitre (plus ou moins) voit James changer, adopter des attitudes, des paroles différentes. Cependant le tout reste cohérent et donne une impression de fresque épique.
Cette histoire originale et déjantée est servie par un humour hallucinant. On ne peut que sourire voir rire parfois. On ne peut qu’admirer le travail de la traductrice, Marie Rennard, qui a su rendre la langue de Richard Beard (je suppose en tout cas ou sinon c’est elle qui a un très bel humour).
Il y a cependant un fond sérieux au roman (surtout à la fin), où il y a une réflexion sur la religion, la foi, la croyance …
En résumé, un très très bon livre. Pas forcément un coup de cœur car il y a des passages que je n’ai pas forcément compris mais mon esprit était fatigué pendant la lecture.
Je remercie Babelio, les éditions In Octavo et la traductrice (j’espère qu’elle en traduira d’autres de cet auteur ; c’est déjà sa deuxième traduction) pour cette découverte.
Références
Le porteur d’os de Richard BEARD – traduit de l’anglais par Marie Rennard (In Octavo, 2010)
Laisser un commentaire