Comme vus pouvez le voir, il s’agit d’un récit-témoignage de l’auteur Igort. Celui-ci a fait un voyage en Ukraine en 2008-2009, 2009 : vingtième année de la chute du mur de Berlin. Il va nous parler de l’Ukraine au temps de l’URSS. Ou plutôt il va faire parler des « vieux » Ukrainiens nés dans les années 20 car ceux sont eux qui ont connus la terrible famine orchestrée par Staline, lors de la dékoulakisation, à partir de 1931, que les Ukrainiens appellent « Holodomor ». Il est d’ailleurs précisé à la fin du volume que
L’Ukraine d’aujourd’hui cherche l’appui international pour que l’Holodomor sot reconnu au palais de verre de l’ONU comme génocide. La Russie, membre permanent, a droit de veto. Elle menace de l’exercer.
Nous sommes le 26 septembre 2008, l’Ukraine retire sa motion.
Reconnaissent la famine comme crime contre l’humanité : Argentine, Azerbaïdjan, Belgique, Canada, Estonie, Géorgie, Italie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Pologne, États-Unis, Hongrie, Vatican.
La bande dessinée est présentée comme une sorte de carnets de notes, de témoignages écrits et aussi « mis en scène » graphiquement. Les traits des visages sont décharnés, décrivent sûrement la réalité, mais amplifient l’horreur du propos.
Au contraire de ce que l’on peut penser, l’album n’est pas manichéen et ne cherche pas forcément à accuser l’URSS de tous les mots (plutôt Staline, ce que l’on comprend aisément). Le dernier témoignage regrette le temps des Kolkhozes car à ce moment là les terres étaient cultivées (l’Ukraine était considéré comme le grenier de l’Europe), les gens s’entraidaient, il y avait du travail, de l’argent pour s’acheter des choses dans les boutiques, pas forcément des choses de luxes mais on pouvait vivre décemment. L’entrée brutale dans le capitalisme a donné à certains l’impression que finalement ils avait perdu tout ça, notamment que maintenant il y a de belles choses dans les magasins mais qu’on ne peut pas les acheter car il n’y a plus de travail.
C’est un album qui raconte l’Histoire et permet de mieux comprendre le présent et notamment les tiraillements actuels de l’Ukraine, entre l’Occident et la Russie. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé (j’en attendais la sortie depuis longtemps aussi).
Références
Les Cahiers Ukrainiens [mémoires du temps de l’URSS] – un récit-témoignage d’Igort (Futuropolis, 2010)
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