Présentation de l’éditeur
Bâtard de sang noble poursuivi par sa mère d’une haine aussi inexpiable qu’incompréhensible, condamné à mort sauvé par une grâce royale, un jour poète crotté, le lendemain favori des salons, Richard Savage connut une existence tourmentée, qui semble plus relever du roman – ce qui frappa déjà Diderot lors de sa lecture – que de la réalité.
Fiction ou vérité, c’est bien l’ambiguïté qui pèse sur cette Vie puisque le mystère des origines de Savage, victime ou calomniateur, imposteur conscient ou mytomane, n’a pas résolu par les historiens et la critique, quand même ils inclinent au scepticisme.
Samuel Johnson, lui, ne mit pas un instant en doute la parole de celui qu’il considérait comme un ami et dont il tient la plupart des anecdotes qu’il rapporte. Curieux ascendant si l’on considère le sort contrasté que la postérité a réserver aux deux hommes : d’un côté la figure tutélaire des lettres anglaises, de l’autre un poète mineur, auteur de pièces de circonstances, retombé dans l’oubli.
Dans les interstices de sa Vie de Richard Savage, c’est peut-être un secret autoportrait de Johnson qui se dessine, portrait de l’artiste en jeune homme, si l’on veut, qu’attendent encore ses certitudes et que troublent déjà le scrupule et la noire mélancolie.
Mon avis
C’est un livre qui relève pour moi d’un grand malentendu.Il existe deux versions du manuscrit : une avec des extraits d’oeuvre de Richard Savage et une autre expurgé de ces extraits (et ce par Samuel Jonhson lui-même). C’est cette deuxième version qu’ont choisi de publier les éditions du promeneur. Finalement, pour nous, lecteurs du XXIième siècle, on ne voit plus en Richard Savage l’artiste (je défie quiconque de me citer une ligne du travail de Richard Savage sans être obligé de regarder sur Internet) mais l’homme. Et l’homme, franchement n’est pas de ceux que l’on aimerait avoir comme ami.
Il a eu un début de vie très difficile. Sa mère l’a renié, a voulu le tuer, a voulu qu’il meurt. C’est seulement à partir de la vingtaine qu’il a comencé à pouvoir vivre indépendamment de son horrible mère (c’est à dire à être reconnu pour son travail et non pas pour l’histoire de sa naissance). Mais c’était trop lui demander. Il est devenu une sorte de pilier de bar, ce qui l’a empêché de gagner sa vie puisqu’il ne pouvait plus écrire. Ses amis vont alors mettre en place une sorte de rente, et ce à plusieurs reprises (car il va perdre ces mécènes au fur et à mesure bien évidemment). Passe encore c’est une vie triste mais ça arrive. Mais non content de ça, Richard Savage est une sorte de Calimero : c’est la faute de sa mère (oui en effet) mais aussi des amis qui font en sorte qu’ils puissent vivre et même aller dans les bars (il fait même des pamphlets à leurs sujets pour les ridiculiser en public).
Quand j’ai parlé de malentendu au départ c’est à cause du ton qu’emploie Samuel Johnson. Il raconte les évènements avec tellement de pitié que je l’ai cru sarcastique (je n’avais pas lu la présentation de l’éditeur). Mais non, il a vraiment pitié de Richard Savage qui est un de ces meilleurs amis. Je n’ai compris cela qu’à la fin quand l’auteur résume la vie et l’eouvre de Richard Savage. En particulier, il parle de qualités auquelles je n’ai même pas fait attention tellement je n’ai fait attention qu’aux défauts.
En conclusion, j’espère avoir un ami tel que Samuel Johnson quand je mourrais qui ne verra que des qualités qui seront dues uniquement à ma personne, et, fera de mes défauts des traits de caractères qui seront dus à d’autres. Je vous souhaite la même chose !
P.S. : c’est l’écriture de Samuel Johnson qui a fait que j’ai lu le livre jusqu’au bout ! Elle est vraiment bien je peux vous le dire …
Références
Vie de Richard Savage de Samuel JOHNSON – traduit de l’anglais par Lionel Leforestier (Le promeneur, 2010)
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