Quatrième de couverture
"Un modeste employé de banque raconte par bribes, et presque sans comprendre la splndeur de ce qu'il évoque, les souvenirs d'un galérien avec une précision dans le détail proprement stupéfiante pour un flandrin inculte qui n'a vu la mer qu'une fois dans sa vie. Puis viennent par lambeaux que tente de capter le narrateur jaloux – pareilles perles peuvent-elles être laissées aux cochons ? -, les aventures d'un Viking faisant voile vers l'Amérique.
D'où vient donc cette inspiration, d'où lui viennent ces visions qui ne peuvent être que celles d'un témoin de l'époque ?
Je place cette nouvelle de Kipling, aux côtés de L'Homme qui voulut être roi, parmi mes préférées, une fable d'une redoutable ironie sur la création littéraire.
Il faut lire Kipling !"
Michel Le Bris
Mon avis
C'est le troisième livrede cette collection que je lis et je suis à chaque fois admirative des textes qui y sont présentés. Ici, la préface de Michel Le Bris (j'aime beaucoup quand il présente ses auteurs fétiches de toute manière) et la notice biographique de Véronique Leblanc sont très éclairantes sur la portée et le sens que l'on peut donner à cette nouvelle.
Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est la partie dans laquelle je me suis un peu reconnue. Charlie Mears, le jeune banquier, a toutes les idées d'une très bonne histoire dans sa tête. Tout lui paraît limpide mais quand il couche ses idées sur le papier c'est fade et insipide. Qui n'a jamais ressenti ça ! Il demande alors à un écrivain confirmé d'écrire ces fameuses idées. Pour ça il les vend et l'écrivain n'hésite qu'un seul instant avant d'accepter le marché. Il ne cherche même pas à inventer les quelques parties de l'histoire que Charlie Mears ne lui raconte pas. Son rôle se borne à écrire.
Ce qui est aussi intéressant c'est donc la théorie que Rudyard Kipling sur l'écriture, la création et l'inspiration. L'écrivain doit-il inventer une histoire, et donc utiliser un imaginaire quitte à y mettre quelques gouttes de son quotidien, puis l'écrire dans une belle langue ou seulement parler des faits que l'on connaît sans utiliser l'imaginaire ? C'est ces deux visions qui se confrontent dans cette nouvelle : la première étant défendue par Charlie Mears (il a raconté la majeure partie de son histoire et pense que pour les détails l'écrivain peut se débrouiller) et la seconde, pas vraiment défendue mais plutôt utilisée, par l'écrivain confirmé. Rudyard Kipling fait appel, pour expliquer l'inspiration, à la résurgence de vies antérieures (on a donc vécu ce qu'on écrit) qui ne serait possible que quand on n'est jamais tombé amoureux (thème de la métempsychose).
Beaucoup de choses, donc, dans cette nouvelle très bien écrite : un style limpide où il n'y a pas de détails superflus (normal pour une nouvelle), et traduite (traduction très moderne malgré sa date).
En conclusion, je pense que je fais suivre le conseil de Michel Le Bris et lire Kipling !
Un autre avis
C'est celui qui m'a fait lire le livre : celui de Leiloona. Il y a un billet de Lou moins convaincue que moi mais surtout très bien écrit et argumenté.
Références
La plus belle histoire du monde de Rudyard KIPLING dans une traduction datant de 1900 – proposé par Michel Le Bris – notice ibliographique de Véronique Leblanc (André Versaille éditeur – collection À s'offrir en partage, 2009)
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