Comme promis hier, je vais vous parler d'une deuxième nouvelle des Diaboliques : Le bonheur dans le crime (en réalité, c'est la troisième du recueil). C'est le seul Barbey d'Aurevilly qui restait à la librairie. Je l'ai donc pris dans la collection À s'offrir en partage, la nouvelle collection de André Versailles éditeur. Ce sont des textes courts à cinq euros le volume que l'on peut offrir aux autres pour faire découvrir des auteurs que l'on aime. Vous allez me dire il y a déjà les folio à deux euros, les librio … mais ici la mise en page est bicolore, un célèbre auteur présente l'oeuvre (ici ce n'est pas très intéressant : je n'ai pas du tout compris de quoi ça parlait) et une postface présentant l'auteur. Il y a déjà des titres de Chateaubriand, de Paul Claudel, d'Alexandre Dumas, d'Antoine Galland, de Rudyard Kipling, de Maupassant, de Mirbeau, de Gérard de Nerval, de Maria Rainer Rilke, du Marquis de Sade et d'Alexis de Tocqueville.
J'ai aussi vu sur le site de l'éditeur que j'arrivais une semaine trop tard. Visiblement, l'adaptation télévisuelle est passée sur France 2 la semaine dernière. Si vous avez regardé, pouvez-vous me dire si c'est bien ? Et-ce que ça vaut le coup que j'attende le DVD ?
Passons maintenant au texte lui même.
Une jeune femme du nom de Hauteclaire Stassin (du nom d'une épée d'après le livre) est devenue professeur d'escrime à la suite de son père. Elle donne des cours aux jeunes nobles de la ville de V… Elle tombe amoureuse de Serlon de Savigny et visiblement c'est réciproque (en tout cas, c'est ce que le narrateur, médecin de la ville de V… suppose). Le problème c'est que Serlon doit se marier avec Delphine de Cantor ; le mariage se feraquand même ! Et à première vue c'est un mariage heureux. Un jour Hauteclaire disparaît de la ville sans explication ; tout le monde s'inquiète.
Le médecin de la ville est alors appelé au chevet de Madame de Savigny. Qu'elle n'est pas sa surprise en découvrante qu'Eulalie, la femme de chambre de la dame, et Hauteclaire ne font qu'une seule et même personne ! Il ne dit rien pour autant ; à ce moment, il n'est pas vraiment sûr que Savigny et Hauteclaire sont ensembles. Au fur et à mesure que les jours avance, il enquête et découvre que oui, ils sont ensemble. Il est de nouveau appelée au chevet de Madame de Savigny un jour : elle vient d'être empoisonné par Eulalie !
Vingt-cinq ans plus tard, Savigny et Hauteclaire vivent heureux, dans leur bulle et dans un bonheur parfait malgré leur crime. Ce qui fait dire au narrateur que
"le bonheur n'a pas d'histoire. Il n'a pas plus de description. On ne peint pas plus le bonheur, cette infusion d'une vie supérieure dans la vie, qu'on ne saurait peindre la circulation du sang dans les veines. On s'atteste, aux battements des artères, qu'il y circule, et c'est ainsi que je m'atteste le bonheur de ces deux êtres que vous venez de voir". (p. 86)
Mon avis
Barbey d'Aurevilly nous montre encore dans cette nouvelle une femme implacable, qui fait tout pour aboutir à l'objectif qu'elle s'est fixée : une diabolique. C'est un très beau portrait de femme (même si ce qu'elle fait peut paraître effrayant). Il y a aussi une bon tableau de la bonne société normande de l'époque (visiblement le V… veut dire Valognes) très connue de l'auteur par son enfance. Il y retourne régulièrement dans sa vie d'adulte. Comme dans La Vengeance d'une femme, il y a quelques références (non expliquées dans cette édition) mais cela ne freine pas la lecture.
Cette lecture ne fait que confirmer mon envie de découvrir d'autres textes de Barbey d'Aurevilly (cette fois dans des éditions avec des commentaires). Je vais normalement à Paris jeudi, cela devrait pouvoir se faire.
Références
Le bonheur dans le crime de Jules BARBEY d'AUREVILLY – proposé par Denis Tillinac (collection "À s'offrir en partage" – André Versaille éditeur, 2009)
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