Encore une courte nouvelle (27 pages) publiée chez Zinnia.
Ici on est au Pérou. Le narrateur a perdu son travail d’assistant juridique car je cite :
les avocaillons spécialisés en droit du travail ne trouvaient plus de clients, car le nouveau gouvernement se fichait pas mal des grèves et de la stabilité du monde du travail.
En plus, son fils a une maladie dégénérative qui l’empêche de tenir sa tête correctement. Tout cela fait que quand il a perdu son travail, le seul métier logique pour lui a été taxi car il avait une voiture, une Pontiac.
Pour arrondir les fins de mois, notre narrateur dépouille et vend les personnes en état d’ébriété qu’il prend dans son taxi. La nouvelle raconte une aventure qui lui est arrivé en faisant cette besogne.
Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que vous n’avez jamais le point de vue des victimes des vols. Ils vous sont présentés derrière la vitre du taxi. D’autre part, le chauffeur de taxi est sympathique. On a tout de suite un peu pitié de lui car il a et a eu beaucoup de soucis : perte de son travail, enfant malade, ramener beaucoup d’argent à la maison même en temps de crise. On ne peut qu’être en empathie avec lui.
Pourtant la morale dit qu’il ne faut pas le faire. On ne peut pas être d’accord car il profite de gens qui sont en état de faiblesse. L’autre jour, je lisais que des touristes chinois s’étaient fait dépouillés sur la partie nord du RER B (c’est à Paris pour ceux qui ne connaissent pas). Je me suis dit pauvres touristes chinois, venir si loin pour subir cela. Je n’ai pas plaint les voleurs, qui pourtant vu où cela s’est passé ont sûrement aussi des problèmes du type de ceux de notre chauffeur de taxi. Dans cette nouvelle, j’ai plaint le chauffeur et pas ses victimes. Déjà en réussissant cela, Fernando Ampuero nous situe dans un autre système de valeur, dans un autre pays, un pays où les frontières du bien et du mal sont brouillés. En réfléchissant, on ne peut être que bien triste pour ce pays.
Dans l’aventure qui est arrivé à notre chauffeur de taxi, le phénomène est encore amplifié car un fait plus grave se passe et il devient le héros de toute une bande de gens. Il ne sera pas puni pour ce qu’il a fait alors qu’en France, ce serait un délit.
Pour résumer, la quatrième de couverture parle de « conte politique à forte dimension critique d’un société péruvienne déliquescente ». C’est exactement cela : un pays où il n’y a plus de société puisque chacun fait de son mieux pour s’en sortir.
Références
Taxi Driver sans Robert de Niro de Fernando AMPUERO – traduit de l’espagnol (Pérou) par Aurélie Bartolo (Zinnia Éditions, 2013)
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