Quatrième de couverture
« Soudain une jeune femme apparut en haut des marches, adossée à la fenêtre, avec la pluie qui frappait violemment les vitres et, à l’arrière-plan, les sommets embrumés. Aucun doute, c’était Paola, la star des bals du Westmorland. Bien qu’elle fût en contre-jour, elle me fit d’entrée beaucoup d’effet : elle était brune, svelte avec pourtant quelques rondeurs, l’allure souple, élancée et féline des Italiennes. […] Comment la qualifier ? Elle avait du style. Du chic. »
Paola, issue du remariage du défunt Noble Godavary avec une étrangère, fait-elle vraiment partie de la famille ? Ils ne l’ont jamais acceptée ! Au moment de l’ouverture du testament, c’est plutôt une lâcheté sournoise qui les rassemble… Toute l’élégance de Vita Sackville-West.
Mon avis
Me voilà bien déçue par ma première rencontre avec Vita Sackville-West. Paola est une nouvelle de 120 pages, dont le titre original est The death of Noble Godavary, et qui est tirée du recueil Thirty Clocks Strike the Hour and Other Stories.
Cela commence très bien puisque notre narrateur revient dans le nord après trente ans d’absence à l’occasion du décès de son oncle. Il n’était jamais revenu dans la propriété familiale, avait eu très peu de contact avec sa famille à part occasionnellement avec son frère. C’est très alléchant comme début d’histoire puisqu’on s’attend à un week-end en famille, sous-tension à cause de l’enterrement et de l’ouverture du testament. On s’attend à un meurtre (euh, non … ce n’est pas Agatha Christie (pourtant, j’y ai cru car il parle d’un drame terrible)) ou à une bonne critique de la bonne société anglais à travers le prisme familiale. Ben non en fait. En fait si un peu mais pas génial du tout car Vita Sackville-West ne s’attache pas à ses personnages, ne décrit pas les relations qu’ils ont ensemble. Cela reste très superficiel à mon avis pour le lecteur.
Ce qui m’a particulièrement gêné, c’est que les personnages incarnent un type de personne dans tout le stéréotype. Paola est italienne ; elle a absolument tout ce que la société de l’époque pouvait mettre comme stéréotypes sur les Italiennes. Pareil pour la mère : c’est une mama italienne comme on peut voir dans les publicités. Je ne parle pas des Anglais qui sont tout ce que l’on peut imaginer d’une vieille famille déclinante. Tout cela manque de finesse et je dirais même de vie. Les personnages ne prennent pas vie dans la nouvelle ni par leurs actes ni par leurs sentiments.
Cette idée est récurrente dans l’écriture de l’auteur. On met une idée ; on trouve un objet, une personne qui la représente (et non pas qui l’incarne ; le problème est là justement) et on laisse vivre. Par exemple, Paola assise sur la pierre à la fin du livre qui semble être la personne qui va diriger tout le monde. Elle incarne la nouvelle génération qui va diriger l’Angleterre ; les autres n’auront qu’à suivre (d’où l’image de la vague qui détruit tout). Par exemple, la scène de fin est très biblique :
Je montai lentement vers la crête. Ils étaient là, tous, personne n’avait bougé. Tous réunis autour de Paola, immobile sur son rocher. Adossé à un bloc de pierre, un berger enveloppé dans sa houppelande dormait à côté d’eux. Seules quelques bêtes erraient encore à la recherche de leur pâture. Je ne ressentais aucune compassion mais du mépris pour les miens. L’un après l’autre, Michael, Stephen, Rachel, Austen levèrent vers moi un regard mélancolique et fatigué ; puis ils retombèrent dans leur stupeur, leur prostration. Je me tournai alors vers Paola. Accroupie au-dessus d’eux, elle les dominait, toujours aussi lointaine, sous le casque noir de son chapeau. Elle ne leur prêtait aucune attention, ni à moi d’ailleurs. Et sa mère était assise par terre, à ses pieds, on aurait dit une vieille gitane. Les bras serrés autour des genoux, un léger sourire au coin des lèvres, elle se balançait lentement, au rythme de pensées qui semblaient très douces.
L’impression que j’ai eu en lisant ce livre est que l’auteure se regardait écrire. Quand elle a trouvé une idée, elle reste un peu dessus, fait des effets de style, des effets de manche, quitte à faire des private jokes. Elle s’admire et quand elle en a marre, elle change d’idée. Cela donne un côté trop virevoltant au livre et c’est de là qu’à mon avis lui vient le côté superficiel que je reprochais au début.
Mais ce n’est que mon avis sur cette nouvelle. J’ai deux de ses romans dans ma pile à lire et j’espère que ce côté superficiel qui m’a agacé aura disparu.
Références
Paola de Vita SACKVILLE-WEST – traduit de l’anglais par Micha Venaille (Livre de Poche, 2011)
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