Dubalu de Bernard Waller

Quatrième de couverture

Francis Dubalu, représentant de commerce à Paris, huit ans de mariage, une belle-mère, deux enfants, part pour la première fois prospecter loin de ses habitudes. Il entreprend ce nouveau voyage avec un sentiment de triomphe qu’il entretient, dès le matin, à son bistrot de tous les jours puis sur la route où il roule à une allure de promenade, enfin, dans une petite ville où il s’accorde encore un après-midi de répit…

Fantaisie dans la forme comme dans le fond, Dubalu aborde par l’humour le monde moderne et ses travers. Un livre atypique, une pépite littéraire.

Bernard Waller (1934-2010) est découvert par Raymond Queneau en 1960. Auteur, discret de plusieurs romans, il se présente ainsi lors de la publication de Dubalu : « 27 ans. Employé. Célibataire, aimerait faire un petit voyage. » Représentant d’une grande maison d’édition pendant près de trente ans, il disait pratiquer « l’itinérance comme un art de l’esquive ».

Mon avis

J’ai découvert ce petit livre à la librairie, sur la table des coups de cœur. Un coup de cœur, discret, sans éloge dithyrambique sur la fiche. Un livre inconnu de ma petite personne. J’ai forcément été intriguée et je fais confiance quand les livres sont sur cette table. J’ai donc embarqué le livre dans mon panier.

J’ai encore une fois eu raison de faire confiance. Le livre est exactement à l’image que je m’en suis faite à la librairie. En 90 pages, Bernard Waller (1934-2010) fait revivre, tout un monde, celui des années 60, des représentants de commerce, des hôtels de province…

Francis Dubalu a une trentaine d’années ; il est représentant de commerce dans une entreprise dont elle ne sera pas ce qu’elle vend. Il est marié depuis huit ans (le mariage est un peu fatigué), a deux enfants, une belle-mère qu’il n’aime pas trop (et qui dirige quelque peu sa fille). Depuis plusieurs années, pour respirer un peu, il voulait quitter son secteur de région parisienne pour aller en province et partir de chez lui une grande partie de la semaine.

Le livre raconte en huit chapitres la première journée de cette nouvelle « aventure professionnelle » : le petit café au bar du coin avant de passer au bureau chercher son matériel (où bien sûr on fait rigoler bêtement les secrétaires du patron), le trajet que l’on fait traîner, la recherche d’un hôtel, la découverte de la ville, la découverte de ses « collègues » des autres entreprises, la recherche d’une occupation pour la soirée. Une journée normale pour un représentant de commerce en 1960, une manière de vivre déconnecter de son quotidien familial. Ici, plutôt que de s’ébahir, Dubalu est décrit comme bonhomme, bon vivant, qui ne se laisse pas prendre au dépourvu par une situation nouvelle. L’auteur le place même plutôt en observateur avisé de son nouveau monde.

Ce petit livre serait déjà charmant, rien que par le fait qu’il fait revivre avec une certaine économie de mot, une vie qui n’existe plus aujourd’hui L’écriture rend ce livre plus que charmant. Je n’irais pas comme la quatrième de couverture jusqu’à parler de « pépite littéraire », mais plutôt de texte précieux, injustement oublié car trop léger – en tout cas, c’est l’hypothèse qui est faite dans la postface. L’auteur a choisi de raconter cette histoire comme le flux de pensée de Dubalu. On découvre un personnage un peu désabusé (après les huit années de mariage), mais il a encore une appétence pour la vie, pour ce qui se passe autour de lui : c’est ce qui fait son côté observateur. Il juge les gens simplement, avec plein de bon sens, sans trop réfléchir. Si on voulait écrire familièrement, il ne se prend pas la tête : il agit sans blesser les gens, mais aussi sans se prendre la tête. Il fait ce qu’il croit bon. Il a surtout un humour dévastateur (plus précisément, qui correspond au mien). J’ai mis en citation une phrase que l’on trouve dès la première page : elle m’a fait éclater de rire (j’espère que vous aussi).

En conclusion, c’est un doux moment de lecture, qui repose, en plongeant dans une époque révolue.

Citation

Sa femme, maigre et d’allure maladive, s’occupe du bois. On dit qu’elle s’en va de la poitrine, ce qui expliquerait qu’elle n’en ait pas.

Références

Dubalu de Bernard WALLER (La Grange Batelière, 2024). Préface de Jérôme Leroy. Postface de Carl Aderhold.

Un siècle de littérature française – Année 1960

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