Sergueï Essénine est un poète paysan très connu. Je ne le connaissais bien évidemment pas avant de lire ce livre. J’ai donc lu la page wikipédia avec attention. Voilà un garçon qui a eu une vie plus que remplie. Il a vécu de 1895 à 1925, soit 30 ans. Il est né dans un tout petit village près de Riazan, est devenu l’un des meilleurs poètes russes d’avant la révolution et il s’est suicidé, en se pendant, à trente ans, dans un hôtel à Leningrad, car un poète ne doit pas vivre longtemps. En 30 ans, il s’est marié trois fois, a eu trois enfants, a publié douze recueils de poèmes, fondé un mouvement littéraire, a voyagé en Europe, en Amérique mais aussi dans une très grande partie de la Russie. Il a chanté un certain monde rural, qu’il voyait comme un paradis. Il a aussi sombré dans l’alcool et dans la dépression. J’ai le même âge et ma biographie résumée ne tiendrait pas en autant de lignes. Je trouve cela impressionnant.
La Ravine est sa seule œuvre en prose de grande envergure, parue en 1921 dans une revue de Petrograd. Cela ne parle pas de grand chose. Un homme quitte ses parents et sa femme. Il s’était marié à contre cœur mais a essayé de faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Tout s’effondre le jour où sa femme le trompe avec le garçon de ferme.
À la suite de sa fuite, sa famille partira en décrépitude en ne vivant que des malheurs et des déceptions. Lui se réfugiera à la ravine, où il sera admiré pour son courage, son talent de chasseur mais aussi choyé pour sa gentillesse et son amitié. Il vivra heureux, malgré de nombreuses morts, au milieu des paysans pauvres mais toujours solidaires, toujours actifs et prêts à se battre pour leurs droits.
Au contraire de ce que l’on aurait pu craindre, on ne s’ennuie pas vraiment dans cette évocation de la nature et de la paysannerie russe de l’époque. C’est principalement du à la langue d’Essénine. Elle est faussement simple. En plus, par moment, il y a des phrases que l’on relit car on est sous le choc de leur beauté. Une fois relue, un autre univers s’est ouvert devant nos yeux faits des sons, des odeurs, des couleurs de la campagne russe. Cela donne envie de lire sa poésie [et ce même si je ne suis pas très poésie].
Livre acheté à cause des antres de perdition de Niki et d’un libraire aux avis très tentants. Livre lu dans le cadre de l’hiver en Russie de Titine et Cryssilda.
Références
La Ravine de Sergueï ESSÉNINE – version française de Jacques Imbert (Harpo &, 2008)
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