Des hommes de tête de Birkefeld et Hachmeister

DesDommesDeTeteBirkefeldHachmeisterJ’ai piqué ce livre samedi à la bibliothèque et j’ai dévoré ses 400 pages en quatre jours, quitte à lire le soir dans les transports (même avec des gens qui crient dans mes oreilles fragiles), quitte à lâcher ma fourchette le midi et à remercier le dieu du sport qui ne m’a jamais pris dans ses filets mais qui a capturé mon chef pour l’emmener deux fois à la piscine en ce début de semaine et qui m’a permis de passer ma pause tranquille.

On est en Allemagne en 1926, dans le milieu des courses moto. Le sport automobile est pour moi, dans mes préoccupations, l’absolue contraire de la lecture : cela n’occupe aucune case de mon cerveau. Vous pouvez donc lire ce livre si vous êtes dans le même cas que moi. Si vous voulez lire un billet d’une fan de choses à deux roues, je vous conseille le billet d’Argali.

On suit deux personnages : Arno Lamprecht et Falk von Dronte. Tous les deux sont munichois d’origine et cherche à oublier ce qu’il s’est passé pour eux en 1923.

Arno Lamprecht est un ex-soldat de la Première Guerre mondiale qui est revenu choqué de cette expérience, détruit psychologiquement en fait. Il a du mal à vivre de la passion qu’il s’est trouvé à la guerre, la motocyclette. Il noie sa vie dans l’alcool, le jeu et les magouilles. Pour pouvoir payer le loyer, et ainsi rassurer sa femme Véra, il est obligé d’aider Eckhard Bammel, malfrat et magouilleur, profiteur durant l’inflation. Par exemple, il va hors des frontières pour ramener des produits ou de l’argent. Il rentre un jour d’une de ses virées, après avoir bu tout de même ,s’allonge, se réveille et découvre que sa femme est morte assassinée et décapitée. Il est bien sûr accusé mais sera innocenté par un alibi qui lui sera donné par Bammel car lui ne se rappelle de rien et que Bammel ne veut pas qu’il parle de ses trafics. Trois ans après, Arno est toujours aussi malheureux car il ne se remet tout simplement pas du décès de sa femme. Cette année va cependant changer se vie puisqu’il va participer au championnat d’Allemagne, sur une moto belge Sarolea.

Il va y affronter son ennemi depuis toujours, en fait depuis le début des années 20, Falk von Dronte. Ce type est un aristocrate pur jus (je me le suis imaginée comme le stéréotype de l’Allemand aryen), qui croit aux idées d’honneur, de patrie, de la suprématie de la nation … Son grand regret est de ne pas avoir pu s’engager dans l’armée. Un homme va en profiter, un colonel qui va lui proposer d’agir pour la nation après la trahison des « traitres de Novembre. Ainsi en 1923, il va lui faire assassiner un homme, avec des complices. Ils vont l’enterrer dans un endroit désert. En 1926, cette affaire resurgit car une dénonciation vient de permettre de retrouver le corps mais il lui manque la tête. Le colonel s’inquiète, d’autant qu’il veut se lancer en politique. Il demande donc à von Dronte de régler le problème mais lui a changé de vie, d’opinion sous l’influence de sa nouvelle amie Théa.

À tout cela se combine une série de meurtres, tous ayant lieu autour des circuits des compétitions.  Ces meurtres sont barbares puisque le coupable repart avec la tête.

Je vous prie déjà d’admirer le titre qui est absolument très délicat et bien trouvé par le traducteur (on sent l’humour de l’homme…) J’ai préféré Arno à Falk (les chapitres alternent entre les personnages parce que comme ils sont ennemis, ils ne se parlent pas sauf à la fin où ils vont s’entraider car ils vont comprendre que leurs affaires ont des similarités ? des têtes coupées ?) Falk est trop lisse, trop crédule. Il ne semble pas avoir de personnalité et suit d’abord le colonel, puis Théa aveuglément qui eux ont leurs idées. Il ne semble pas se les approprier. Il semble encore en construction. Arno lui est un homme fait, qui pense juste, peut être en opposition de phase par rapport au reste de la société (merci à mon chef pour ce type d’expression) mais ses idées sont les siennes et sont réfléchies. Il décide de sa vie, en assume les conséquences, défend les causes qu’il croit juste. En plus, j’aime les personnages tourmentés, moins lisses. Il avait tout pour me plaire. J’attendais les chapitres sur lui avec grande impatience.

La deuxième chose qui m’a intéressée, c’est le contexte historique : la montée du nazisme, les mouvements ouvriers, communistes mais aussi la mise en relief de l’importance politique du sport. Il est bien rendu dans le roman que la motorisation est vue comme le principal instrument de la reconstruction de l’Allemagne mais aussi que la moto qui doit gagner le championnat d’Allemagne doit être allemande et avoir un pilote allemand. Le vainqueur doit en plus avoir fait cela pour la Nation et sa fierté d’y appartenir. Le sport est donc vu plus comme un instrument politique qu’un dépassement humain.

Après, il y a des passages où je me demande si les auteurs n’ont pas lu l’histoire a posteriori. Par exemple, quand ils font dire à Arno que ceux qui ont fait la guerre la referont dès qu’ils pourront car ils en ont tout simplement profité. Il y aussi un manque de développement sur le personnage de Théa car elle est décrite avec un caractère fort, essayant toutes les nouveautés mais elle nous est plus souvent présentée comme la fille qui fait la bise au vainqueur, un peu futile.

Ces défauts sont mineurs par rapport à la qualité du livre, qui est vraiment très divertissant tout en étant instructif. En plus il est très bien traduit !

Références

Des hommes de tête de Richard BIRKEFELD et Göran HACHMEISTER – traduit de l’allemand par Georges Sturm (Éditions du Masque, 2013)


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