Quatrième de couverture
Willa Cather (1873-1947) a déjà établi sa réputation de grand écrivain américain lorsqu’en 1930, au cours de l’un de ses voyages en France, elle rencontre Caroline Franklin-Grout, la nièce de Gustave Flaubert, qui fut élevée par son fameux oncle, dont elle est l’exécutrice testamentaire.
La Nièce de Flaubert dresse le portrait d’une femme surprenante, lien vivant entre un XXième siècle déjà éprouvé par la guerre et l’âge d’or de la littérature française, dont Flaubert est l’un des plus grands représentants. Ce texte est avant tout un éloge ardent de la littérature et de la lecture, non comme passe-temps mais comme raison de vivre.
Mon avis
J’ai piqué cette idée de lecture chez Matilda et je l’en remercie parce que j’ai adoré. J’aime le côté admiration dans un milieu feutré, le grand écrivain qui se rapetisse devant la grande dame.
Parce que oui, Caroline Franklin-Grout est une grande dame pas seulement parce qu’elle est la nièce de Flaubert. Elle est juste extraordinaire et est une femme entière. Elle édite la correspondance de son oncle et Bouvard et Pécuchet parce qu’elle vous une admiration sans borne à son oncle. C’est une admiration de l’ordre de l’affectif mais aussi une admiration de l’esprit. C’est lui (et ses visiteurs) qui lui a fait découvrir la vie, la littérature, l’écriture. Il en a fait la femme qu’elle ait, une femme curieuse de tout et qui porte une soif de vivre, de comprendre fascinante. C’est le genre de personne qu’on aimerait rencontrer pour nous aider à apprécier la vie.
Willa Cather devant une telle personne, rencontrée par hasard, se livre a un très bel exercice d’admiration pour cette femme et aussi pour Flaubert, dont elle semble très bien connaître l’œuvre. Pour elle, l’important est d’avoir Flaubert en soi et non les livres de Flaubert ou des objets de Flaubert. Willa Cather marque ainsi ce qu’apporte la littérature dans la construction d’une personne. C’est justement ce qui fait le relation de connivence qu’il y a tout de suite entre les deux femmes. La narration de Willa Cather fait que le lecteur est à côté de ces deux femmes, à écouter bouche-bée, cette « amitié » savoureuse. C’est un peu comme si vous étiez invité à une conversation entre deux personnes très intelligentes, très instruites et que vous étiez obligé de vous taire pour profiter de tout, de tout retenir, de vous imprégner de tout.
Caroline Franklin-Grout est le genre de femme que l’on rêverait de ne jamais voir mourir. Pareil pour Willa Cather car, malgré le succès, elle a su garder une belle âme, une âme qui permet d’admirer, voire de vénérer.
Références
La Nièce de Flaubert de Willa CATHER – préface et traduction d’Anne-Sylvie Homassel (La petite collection des éditions du sonneur, 2012)
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