Présentation de l’éditeur
Au jeune étudiant rentré au pays après un séjour en Europe, Moustafa Saïd entreprend de raconter son histoire : celle d’un destin déchiré entre la vie immémoriale de l’Afrique et le mouvement de l’Occident.
Moustafa Saïd en effet a passé de nombreuses années en Angleterre, où il a mené des études brillantes, séduit de nombreuses femmes, provoqué le suicide de deux d’entre elles, brisé le mariage d’une autre… Sur sa vie plane une ombre de mystère.
Peu de temps après son récit, inachevé, il meurt noyé dans le Nil, alors qu’il était excellent nageur : son confident tentera dès lors de remonter le cours d’une vie complexe, de comprendre qui fut réellement le fascinant Moustafa Saïd, et c’est avec une science dramatique extrême que l’auteur distille les éléments de cette envoûtante enquête.
Mon avis
Comme en témoigne le sommaire des catégories sur le côté droit, je ne lis pratiquement jamais de littérature africaine et j’ai trouvé que c’était un tort. Du coup, j’ai eu une lubie soudaine : lire un livre d’un auteur soudanais. J’ai fait mes petites recherches sur internet, croisées avec le catalogue de la bibliothèque à côté de mon travail. En est sorti ce livre de Tayeb Salih (il est vraiment culte apparemment en plus). Je peux vous dire que ce roman est admirable.
Le thème est intéressant, de même que la manière de le traiter. Plus que l’immigration, je crois que le thème développé est comment vivre dans une société quand on est seul et particulier. Bien sûr, la particularité est évidente quand on est dans un pays étranger et donc a fortiori quand on est dans un pays étranger de culture différente. Cependant, Moustafa Saïd était déjà particulier avant de partir du Soudan pour aller en Angleterre. Cette particularité, il l’a devait à sa naissance, à sa mère et à la mort de son père mais aussi à son éducation très poussée (mélange d’intelligence hors norme et de sociopathie). Cette particularité se renforcera en Angleterre. Il ne voudra pas être victime et le plus simple est alors d’être le chasseur (ici, de femmes). Il fera tout pour ne pas se faire manger mais manger. Le thème de l’immigration (et du retour) est plus traité au travers du narrateur, le jeune étudiant qui revient au pays avec son doctorat de poésie en poche. Plus que par le texte (où on nous décrit le Soudan de l’époque), c’est par le point de vue que l’on comprend la différence : l’incompréhension parfois le sentiment de supériorité se perçoit.
L’histoire sur l’enquête du narrateur pour savoir ce que cachait Mohamed Saïd est très intéressante car elle forme un fil narratif qui n’aurait pas tenu avec uniquement le thème de la particularité dans un pays. On se demande tout au long du roman ce que va découvrir le narrateur.
L’écriture est poétique à souhait. On a l’impression d’écouter un conteur jumelé avec un poète. Tayeb Salih ne juge jamais. je crois qu’on ne sent pas sa présence, comme si il n’y avait pas l’auteur entre le narrateur et nous. C’est dire que les personnages du roman sont extrêmement vivants.
Bien sûr, maintenant, je veux lire les autres livres de Tayeb Salih !
Références
Saison de la migration vers le Nord de Tayeb SALIH – roman traduit de l’arabe (Soudan) par Abdelwahab Meddeb et Fady Noun (Actes Sud / Babel, 1983)
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