papa part maman ment mémé meurt de Fabienne Yvert

« Elle est morte dans son lit-bateau, c’est plus pratique pour la navigation éternelle. Elle est morte dans le poulailler, son âme s’est collé des plumes et s’est envolée.« 

Il s’agit de trois textes « papa part », « maman ment » et « mémé meurt » écrit au milieu des années 80 quand Fabienne Yvert avait 23-24 ans. Il n’y a pas d’histoire. Cela ressemble plutôt à un exercice de style. Sur le site des éditions Attila, on parle d’écriture défouloir. Tout ce que je peux dire c’est qu’il y a une superbe maîtrise de la phrase, du rythme (surtout) et du suivi des idées (on passe d’une idée à une autre sans s’en rendre compte et c’est quelque chose que j’admire particulièrement chez un écrivain ; le livre de Birgit Vanderbeke a cette même qualité). Ma conclusion a été qu’il serait sûrement intéressant pour moi de lire d’autres livre de cette auteur.

« Mémé est morte, mémé était vivante. Mémé a trépassé, mémé était dépassée. Mémé est à l’article de la mort, en soldes. Mémé a été fauchée, elle était fauchée. Mémé a été emportée pendant qu’elle dormait, elle gît dans son lit. Mémé a rendu son âme, elle ne lui plaisait plus. Mémé a crevé, elle était crevée. Mémé n’est plus, elle fut. Mémé a disparu, on va la cacher sous terre. Mémé est dans les mains de Dieu, la pelote-t-il ? Mémé va mourir bientôt, ça y est. Mémé a été heureuse quand elle était jeune, elle a été enterrée quand elle était morte. Mémé est née le jour de la mort de Louis XVI, elle est morte le jour de la mise en orbite de Marie. Mémé est morte, maintenant il lui reste à s’entendre avec Jésus. Mémé meurt depuis qu’elle est née, et après elle sera jugée.« 

« elle reste au lit pour ne pas petit déjeuner avec nous, elle s’enferme une heure dans la salle de bains pour ne pas nous dire au revoir quand on part, elle va se coucher tôt pour nous dire le lendemain matin qu’on a fait beaucoup de bruit hier soir, elle se rend malade pour nous dire qu’on la rend malade, elle a de l’eczéma pour nous dire qu’on lui donne des boutons, elle perd ses cheveux pour nous dire qu’on la rend chauve, elle se laisse pousser la barbiche pour nous dire qu’on la rend chèvre, j’aimerais bien pouvoir la rendre pour l’échanger« 

« elle veut arrêter le temps, elle va s’en aller avec le temps, elle dit : quel sacré tempér-amant, ce temps« 

Références

Papa ment maman ment mémé meurt de Fabienne YVERT (Attila, 2011)

À noter : il s’agit de la réédition d’un livre paru en 1999 (puis en 2008) aux éditions Harpo &.


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