Le supplice des week-ends de Robert Benchley

 

Le premier livre voyageur que je lis : il vient de chez Keisha et va partir chez Cécile. N'hésitez pas à demander qu'il fasse escale chez vous à Keisha même si votre prénom n'est pas Cécile : c'est un livre qui me semble destiné à connaître des gens avec d'autres prénoms…

Il s'agit ici d'un recueil de nouvelles de l'humoriste américain Robert Benchley (1889-1945). Au maximum, elles font huit pages et la plus petite en fait deux. Mais comme le dit son fils, il faut lire ces "morceaux humoristiques" à dose homéopathique pour pouvoir les savourer. Il y a plusieurs types de nouvelles : notamment celle où Robert Benchley se moque des découvertes scientifiques de son époque, ironise sur la géopolitique et d'autres où il croque le quotidien. Les premières : je n'ai pas trop aimé parce qu'il discrédite tout ce qui est scientifique en en faisant un charabia qu'on ne peut pas comprendre. Les deuxièmes : j'ai aimé mais sans plus parce qu'elles s'inscrivent dans un contexte international qui n'est plus le nôtre. Mais quand Robert Benchley croque le quotidien, on ne peut que rire (au minimum sourire) : c'est fait avec justesse, un humour et une ironie formidable.

Pour les procrastinateurs de tout poil :

"Nombre de gens sont venus me demander comment j'arrivais à travailler tellement tout en continuant à avoir l'air aussi dissipé. […] Le secret de mon énergie et de mon efficacité incroyable n'est pourtant pas compliqué. Il repose sur l'application d'un principe psychologique bien connu, dont j'ai poussé le perfectionnement à un degré tel qu'il est maintenant devenu presque trop perfectionné, et qu'il me faudra bientôt lui restituer un peu du côté rudimentaire qu'il avait initialement. Ce principe psychologique, le voici : N'importe qui peut accomplirn'importe quelle tâche, aussi lourde soit-elle, pourvu que ce ne soit pas celle qu'il soit censé accomplir à ce moment-là." (p. 37-38)

Un autre exemple (Benchley est un peu macho mais c'est drôle quand même)

"Ceci est écrit à l'intention des hommes dont les épouses insistent continuellement pour qu'ils demandent des renseignements aux préposés. Des années durant, j'ai souffert de la persécution suivante : à peine avions-nous mis le nez dehors, ne fût-ce que pour faire une course, que Doris m'obligeait à poser des questions aux gens. […] Il m'est difficile de définir mon aversion pour ce qui est de demander des renseignements aux inconnus. […] Les hommes ont probablement peur de passer pour des casse-pieds ou d'avoir l'air ridiculeusement peu au courant de ce qi se passe. Alors que l'insistance de la femme est vraisemblablement basée sur l'expérience qui lui a appris que presque tout le monde en sait plus long que son mari sur presque tous les sujets." (p. 105-106)

En conclusion, une lecture qui m'a bien fait rire. Merci Keisha !

Références

Le supplice des week-ends de Robert BENCHLEY – traduit de l'américain par Paulette Vielhomme – avant-propos de Jacques Sternberg (10/18, 1981)

Dans ce recueil, il y a les nouvelles suivantes : Le témoin peut disposer, De la vie sociale du triton, Le supplice des week-ends, Comment venir à bout de tout ce qu'on doit faire, De neuf à sept, Est-ce que les insectes pensent ?, L'étranger dans nos murs, Peinture de moeurs américaines, Arguments d'opéra, Méchants miroirs, La clef des finances internationales, Le voyage en wagon d'enfants, Oncle Edith et son histoire de revenant, Le français à l'usage des américains, Etait-ce le maillon qui manquait à la chaîne ?, Demande donc à ce Monsieur, Le mystère du hareng empoisonné, Le cambrioleur de Noël d'Editha, Qu'est ce que cela veut dire ?, Allocution aux jeunes gens, La folle équipée de Paul Revere, L'offensive européenne contre-attaquée, Comment composer une tragédie américaine, Les crimes fascinants, La semaine du carnaval dans la charmante ville de Las Los,Un autre conte de Noël d'oncle Edith, Si les murs pouvaient parler, Le péril dominical, Devons-nous en croire nos yeux ?, Comment je crée, Premier objectif : trouver le criminel, Le massacre du journal du dimanche, Comment, pas de Budapest ?, Apprenez à écouter la musique, Les vrais ennemis publics, Un homme bien de son temps, Mort aux pigeons, Les pullmans ne sont pas admis, Mystères tombés du ciel, Remarquable, n'est-ce pas ?, Est-ce qu'on rêve à l'envers ?, Des nouvelles du pays, Le coin des enfants, Partie de cartes, Pourquoi nous rions… si nous rions, L'affaire Mozart, "Oui, j'en ai entendu parler", Jusqu'à quand vivrez-vous ?, Des tests faciles, Hé, garçon !, Des records météorologiques, Gare aux espions !


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