L'histoire d'une solitude de Milán Füst

 

Il paraît que Milán Füst est un écrivain hongrois très connu. Bien sûr je ne connaissais pas : j'ai aussi appris les noms de Esterházy, Kosztolányi et Karinthy (tous traduits en français) . C'est une drôle d'histoire qui nous est raconté ici. Un jeune homme d'une vingtaine d'année, un baron, vit avec sa mère. Un jour, il voit débarquer à son appartement une jeune femme qui lui demande de l'argent pour faire des achats. Elle cite comme référence une connaissance du narrateur. Manque de chance, le jeune homme s'aperçoit qu'il s'est fait rouler : elle ne connaissait même pas le type dont elle se réclamait. C'est une aventure qui est réellement arrivé à Milán Füst. Il va la retrouver deux ans plus tard à l'armée. Une histoire d'amour va naître et se terminer.Un chien, Péter, va remplacer la jeune femme dans le coeur duu baron. J'avoue que j'ai eu du mal à ne pas éclater de rire mais c'est bien de solitude dont on nous parle ici : le narrateur en parlant de son chien dit

"Il auraitalors fallu me résoudre à l'un des plus grands sacrifices de toute ma vie : me séparer de lui, ce dont j'étais bien incapable. C'est pourtant ainsi que les choses se terminèrent. Lorsque je me suis assis pour écrire cette histoire, j'ai longtemps délibéré pour savoir quel serait son titre. Je voulus d'abord l'intituler Histoire de chien, mais je le remplace maintenant par L'Histoire d'une solitude, c'est ce que je viens d'écrire tout en haut, car c'est bien de cela qu'il est question, et de rien d'autre. De ce que seules la solitude et l'imagination, rien de plus, sont faites pour moi. C'est triste mais c'est ainsi." (p. 123)

En parlant de la femme qu'il a aimé,

"Des commandements inflexibles et sans appel résonnaient dans mon coeur. Ils disaient que je devais la défendre contre moi. Mais ce n'était pas tout ce que disaient les commandements. Ils disaient aussi que je devais me défendre  moi-même, – et de quoi ? C'était en fait ma maudite imagination que je devais défendre. Car je ne pouvais l'aimer que de cette façon, depuis les lointains. En effet, tant s'en faut qu'on puisse aimer l'être humain comme moi, j'avis aimé Péter, et même Péter, hélas, je n'avis pu le supporter longtemps. Cet amour, l'imaginaire, semble donc pour moi valoir plus que du réel. Ce que je voulais jalousement préserver d'elle, c'était donc mon amour, qui n'appartenait qu'à moi et qui, tant qu'elle n'était pas là, ne dépendait même plus d'elle." (p. 132)

C'est un très bon roman dans l'ensemble. Comme je vous le disais, j'ai beaucoup souri tellement il arrive des événements bizarres à ce baron. J'avoue avoir été assez sceptique sur la démonstration de solitude. Cela ne m'aurait pas paru évident si le narrateur ne nous l'avait pas expliqué de long en large. On retrouve ici l'écriture hongroise (j'ai lu trois livres seulement, je ne suis pas experte) : sans l'air d'y toucher, par une écriture simple (j'ai quand même appris le mot prolégomènes), on arrive à nous faire sourire sur des faits graves.

J'ai deux autres Milán Füst : eux aussi sont remontés dans ma PAL !

Références

L'histoire d'une solitude de Milán FÜST – traduit du hongrois par Sophie Aude – préface de Péter Esterházy (Cambourakis, 2007)


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